Culture arabo-musulmane

Culture arabe culture musulmane sont-elles différentes?

Avant l'apparition de l'Islam, les Arabes héritiers d'une puissante civilisation sud-arabique vivaient encore dans un monde partagé en tribus de coutume divers mais prenaient conscience de leur identité commune à travers la langue de la littérature. Cette langue qui s'était progressivement imposée à tous pour exprimer le fond commun de l'âme arabe. Elle était même en usage hors de l'Arabie jusqu'en Syrie-Palestine et en Mésopotamie chez les Gassanide. Cette langue «l'Arabe», favorisée par la richesse du vocabulaire et la variété des combinaisons possibles entre les consonnes, pour aboutir à la racine trilitère (composée de trois consonnes) exprimant une ou plusieurs notions générales. D'après W.Marcais "Une racine arabe est donc une lyre dont on ne touche pas une corde  sans faire vibrer toutes les autres, et chaque mot, en sus de sa résonance propre, éveille les secrets harmoniques des mots apparentés»

Dans cette langue nous avons connus la prose rimée et rytmée appelée saja'(سجع ) qui était au VIe siècle de notre ère, d'après Marc Bergé « un outil prestigieux qui à la veillée (samar), sous la tente, comme au combat, en plein désert, se révélait un instrument d'improvisation souverain.»

Les documents de cette littérature en prose sont très rares, par contre nous disposons d'une vaste production poétique ante-islamique. Sept poèmes de sept auteurs différents, (Antara, Imru'al-Qays, Zuheir ibn abi Salma, Tarafa...)  mais portant le même titre de Mu'allaqat (المعلقات )ont acquis une renommée incontestée. C'est à La Mecque que se groupaient poètes et écrivains pour une foire poétique de grande importance.

"C'est donc face à cette production profane, en prose ou en vers, que se trouvera placé Muhammad quand il commencera sa prédiction prophétique et c'est dans cette langue que les mêmes hommes utilisaient souvent indifféremment pour composer en vers ou en prose, qu'il ferait lui-même passer son propre message dans une forme originale, consignée dans le Coran" (Marc Bergé)

En plus La Mecque s'est déjà distinguée comme un centre commercial et comme sanctuaire. Sur le chemin du Yémen à la palestine, de l'Éthiopie au Golfe persique, la Mecque est incontournable, elle voit passer les caravanes et leurs précieux chargements: épices, encens, soieries, armes, perles, ivoire et esclaves. Tous ces caravanes traversaient de multiples territoires de tribus, sur près de 2000 km, pour parcourir d'un bout à l'autre l'ancienne route de l'encens. Cette révolution fut à l'origine de mutations sociales et économiques accélérées que certaines tribus surent maîtriser. À cette période, La Mecque est déjà un lieu de vénération, un sanctuaire, où se croisent juifs et chrétiens, polythéisme, mazdéens..., ainsi nous sommes devant un bricolage religieux assez remarquable. De plus des idoles de tous genre s'y dressaient, certaines rappellent étrangement les dieux grecs, d'autres les divinités perses... l'une s'appelait Allât l'autre Al'azza et beaucoup d'autres noms.

C'est à La Mecque que Muhammad commença la prédication publique de son message où il se heurta aux Qoraïchites et fut accusé de plagiait, d'imposture et de sorcellerie. La situation est intenable , la décision de l'émigration pour Yathrib qui allait devenir la ville du prophète: la Médine, une cité décalée par rapport aux routes du grand trafic pratiquait, à l'instar des autres cités de l'Arabie, une économie de subsistance à partir de ses palmerais.

Dans cette ville composé de juifs et de musulmans divisés en clans et ayant leurs propres lois, Muhammad devint bâtisseur (il fait ériger la première mosquée) et homme de loi. Il s'impose comme juge des conflits et il forme l'esquisse d'une organisation Islamique.

Avec le temps, en raison de son succès, les troupes de Muhammd croissent et en 630, dix milles musulmans armés marchent sur La Mecque. Il n'y eut presque pas de bataille. Le prophète victorieux accepte la capitulation de ses ennemies, prie sur la tombe de Khadija et fait abattre les idoles. De retour à Medine, il tombe malade  et meurt en 632. L'Islam était désormais consolidé dans la péninsule arabique et était en mesure de s'élargir aux pays situés à l'ouest de la Jordanie.

Après la mort de Mahomet et durant la période des premiers califes les Arabes ont fait une place entre deux grandes puissances. La première Byzance, contrôlait la partie orientale du bassin méditerranéen de l'Italie du Sud jusqu'en Égypte et l'empire des Sassanides rassemblait les nombreux peuples qui vivait au-delà de l'Euphrate, dans la région de l’Irak actuel et des hauts plateaux d'Iran. Les romains d'Orient avaient embrassés la culture hellénistique tandis que Ctésiphon capitale de l'empire Sassanides groupait des peuples différents qui parlaient pahlavi ou araméen. Le conflit permanent entre ces deux empires a ouvert la voie à des migrations intensifiées d'arabes vers le croissant fertile. Ces derniers ont apporté leur culture et leur forme d'organisation.

D'autre part, malgré les esprits diversifiés des califes, un but primordial les obsédaient qui réside dans l'expansion de la religion de Mahomet. Guidés par ce but les califes s'appuyant sur des armées bien organisées et expérimentées, lançaient des guerres contre les deux empires. Ainsi les forces musulmanes avançaient sur tous les fronts si bien qu'à la fin du règne du second calife (Umar ibn al-khattab 634-44) les  musulmans régnaient  sur l'ensemble de l'Arabie, sur la Syrie, l'Égypte et sur une partie de l'empire Sassanide. Quelques années plus tard, les musulmans se sont rendus maître d'un espace de dimensions impériales.

Une nouvelles culture basée sur la culture arabe et influencée par les dogmes de l’Islam, prend naissance. C'est la culture arabo-musulman dont la langue arabe fut le pilier de base de son développement.

Une culture qui tout au long de huit siècles s'imposait dans tous les domaines qu'il s'agissait de science ou de toute autre activité de la pensée. Le monde entier était témoin de l'âge d'or de la culture arabo-islamique.