Al-Jazari  (deuxième moitié du VIe et début du VIIe siècle de l'hégire)

Abû al-Izz Ismaïl ibn al-Razzaz al-Jazari nom relatif à son pays natal "Al-Jazira" une île qui s'étend entre le Tigre et l'Euphrate. Tout ce que nous connaissons sur sa biographie est signalé dans le préambule de son volumineux traité intitulé "Al-Jami' bayna Al-'Ilm wa al-'Amal  al-Nafi' fi Sina'at al-Hiyal" ( Recueil utile de la théorie  et de la pratique pour la construction des moyens ingénieux ). Il signale qu'il a vécu à Diyar Baker sous le règne de la famille "Artuq")

Cette famille est arrivée au pouvoir en 570 de l'hégire avec Nur-al-Din  (570/1174-581/1185). Al-Jazari est resté à son service durant plus que quarante ans et c'est sous le règne de Nasir al-Din qu'il a composé son traité. AL-Jazari est décédé en 1206 ap J.C

Al-Jazari nom très célèbre en Occident , en effet , c'est son traité signalé plus haut, qui révéla chez les orientalistes la curiosité d'une recherche sérieuse sur l'histoire des techniques dans le monde arabe.

Par ces recherches Al-Jazari mérita le surnom du père de l'ingénierie moderne grâce à ses diverses constructions précisément détaillées . Ces constructions  ont influencées la conception des machines modernes d'aujourd'hui à savoir le moteur à combustion, le vilebrequin, la pompe aspirante , l'automatisation programmable et beaucoup d'autres.

 

Ses oeuvres

Un seul traité nous est parvenu jusqu'à date d'Al-Jazari

                 

Dans ce volumineux traité "al-'Ilm wa al-'amal al-Nafi' fi Sina'at al-Hiyal"  (Recueil utile de la théorie et de la pratique dans les procédés ingénieux), Al-Jazari a consacré une partie assez importante à  la mécanique amusante  Ce traité existe en plusieurs exemplaires . Nous avons eu la chance  de feuilleter celui de Topcapi (Istanbul). C'est un manuscrit assez original; il se présente en une très belle écriture claire avec un vocabulaire très familier suivi des explications des mots difficiles. Les illustrations, dans lesquels les plans de projection des mouvements sont bien respectés,  attirent l'attention par leur ornement magnifique à coloriage adéquat.

   Dans ce manuscrit, Al-Jazari ne se contente pas de schématiser l'ensemble de la machine, il a souvent recours aux éléments, même  les plus petits , pour les représenter tout en respectant leurs dimensions. En plus il ajoute, à côté des illustrations de la machine, d'autres vues de profil ; de sorte qu'un clairvoyant dans ce domaine pourra reproduire la machine sans avoir besoin de lire le texte .

   Rien n'est à reprocher à l'auteur concernant la présentation du texte. Après avoir mentionné en titre le nom de la machine, il aborder une représentation générale de l'appareil en précisant le but de sa construction tout en expliquant brièvement son fonctionnement et le rôle de chaque élément.  Par la suite, un chapitre entier sera  consacré à tous autre explication; là tous les détails s'y trouvent, de sorte que même un ignorant dans ce domaine pourra reconstruire la machine. Dans ces détails, Al-Jazari , ne se contente pas de donner la forme et les dimensions des pièces qu'il décrit, mais il y va plus loin en précisant la nature du métal, l'épaisseur de la planche métallique à utiliser, la façon dont il faut  la découper, la forger pour avoir les pièces voulues . Enfin il termine, tout en précisant  clairement, la méthode à suivre pour joindre ces pièces. Une précision minutieuse et très délicate qui ne se présente dans aucun ancien traité. Par ce fait, Al-Jazari se présente comme un expert théoricien , technicien et praticien dans le domaine de la mécanique appliquée.

    Dans ce traité, nous trouvons toutes sortes de mécanismes; des roues simples ou dentées , des poulies, des pignons, des systèmes d'engrenage, des soupapes simples ou coniques, de siphons, des robinets (à voie simples, double ou même triple), des plans inclinées, des chaînes , des cordes , des anneaux... Quant aux métaux utilisés , nous trouvons :le fer, le cuivre (rouge et jaune) , le plomb, l'argent et même l'or . Il ne faut pas oublier le bois, utilisé pour la construction des socles et des roues hydrauliques.

    Al-Jazari a divisé son traité en six parties  dites «Naw'» ou espèce , dont chacune est consacré à un genre de machine

La première partie fut consacrée aux horloges à automates  (genre de clepsydres) dont le fonctionnement  se base sur la puissance de l'eau ou la combustion lente d'un liquide.

La deuxième partie intitulée "Construction des vases et des automates pour les cours des repas" renferme la description de dix appareils actionnés par la puissance de l'eau.

La troisième partie fut consacré aux tasses et aux aiguières, dont le mécanisme donne lieu à divers  effets surprenants. Certains de ces appareils servaient aux ablutions, d'autres amenés aux cours des repas devaient amuser les convives, même parfois aux dépens de l'un d'entre eux .

La quatrième partie traite une variété de fontaines  à jet d'eau automatique, ainsi que des instruments à sifflement perpétuel.

La cinquième partie relève des descriptions relatives à des machines élévatrices d'eau. Il s'agit de petites machines hydrauliques destinées à élever l'eau d'un puits pour une hauteur qui n'excède pas quelques mètres. Nous trouvons aussi la description caractéristique  d'une pompe à double piston assez originale pour son temps.

La dernière partie fut réservée aux articles variés dont quelques uns décrivent des procédés très intéressant pour la décoration "mauresque". Nous trouvons aussi  la description d'une serrure à lettre, ainsi que la description  particulière d'une  porte qu'il fit pour l'hôtel de ville de la Médine «Dar al-Mulk».

Taqi-al-Din