Les automates- monde arabe

Les automates avant l’Islam

Avant l'apparition de l'Islam les automates n'intéressaient pas les Arabes. Ibn al-Kalabi1, dans son ouvrage "Les Statues" décrit l'idole «Hubal» : " On m'a appris qu'il était en rubis rouge, à l’image d’un homme, dont la main droite est cassée... les Koraïchites lui ont accordé une main en or...". De même il décrit l'idole "Wadd" :"c’est la statue d’un homme assez puissant même le plus puissant de tous les hommes ... portant une épée..."

Les automates après l’Islam

À l’adoption de la religion musulmane, les idoles et les statues furent détruits et c'est en fait  les lois de cette nouvelle religion qui y règnent. Une nouvelle civilisation à pris son essor, et l'acquisition des connaissances scientifiques se hissa au premier plan. Des recherches dans tous les domaines scientifiques- mathématiques, physique, médecine, astronomie- ont pris place. A ce stade, les savants et les chercheurs ne se contentaient pas des théories mais ils se basaient sur les applications pratiques qui les ont mené à admettre ou refuser une théorie, donc à innover dans ces disciplines. Bien qu'ils soient héritiers des Grecs, ils se sont montrés de véritables pionniers dans tous les domaines scientifiques, et particulièrement en mécanique appliquée dont la fabrication des automates, est une discipline favorisée.

Les automates dans nos contes populaires

A toutes les conditions qui ont favorisé et encouragé le développement des technique dans le monde arabe, il faut  ajouter un élément qui leur est propre "l'imagination". Elle y est représentée dans les contes orientaux par des récits imaginaires . Telle est, par exemple dans Al-Firdaws 2 la description d'un automate imitant une princesse qui pleure. "De temps en temps, elle lève une main et essuie une larme de son cil...les larmes qu'elle verse suivent toujours le même cours, et sa main revient toujours se poser sur sa cuisse du même côté."

Dans nos contes populaires nous assistons à la description des statues animés qui ornaient dans le temps passé les châteaux romains et ceux des Émirs arabes après l’Islam.  Parmi ces contes nous signalons les récits d’ Abou zeid al-Hilalai (al-sira al-Hilaliyya), d’Al-Zahir Bibars et de Seif ben zi yazen.

Dans le célèbre conte arabe « Les Milles et une Nuits »3 nous assistons à l’exposition de plusieurs récits plutôt chimériques que réels vu qu’une bonne majorité renferme la description d’une statue animée imaginaire tel que : le tapis volant, le cheval ensorcelé , les géants enfermés dans les jarres …ce qui emmène le lecteur dans un monde imaginaire de sorcellerie, peuplé par les Djinn.

Malheureusement la plupart des chercheurs dans ce domaine, ont négligé les effets techniques et scientifiques cachés au fond de ces récits.

La description du coffre volant dans « les Milles et une nuits» n’est qu’un précurseur de l’aéroplane :

"Il est en forme d'oiseau, il a trois pieds de longueur, quatre de largeur. On s'y tient assis. Il est pourvu d'ailes, la machinerie est composée de roues, de ressorts. Le sixième jour, le coffre étant achevé, on le couvrit d'un tapis perse et on le porta dans une campagne. Son possesseur s'y étant assis, "toucha un ressort" l'appareil aussitôt" s'éleva de terre et fendit les airs avec une vitesse incroyable". Le construction apprend à Malek à le diriger: en tournant ce vis, vous irez à droite; en tournant celui-ci, vous irez à gauche. En touchant ce ressort vous monterez, en touchant celui-là vous descendrez. "Effectivement le coffre obéissait à ma main, raconte Malek, allait comme il me plaisait". Il surpassait la vitesse des vents. Son acquéreur l'emploie, comme il convient dans un conte, à aller visiter dans un palais entouré de murailles et de fossés profonds, une princesse qui est retenue par la rigueur de son père. Il défend ensuite le roi en jetant du haut du coffre, des pierres sur les ennemis qui viennent l'assaillir, puis il se sert de la machine pour produire dans l'air un magnifique feu d'artifice. Le coffre a un fin bien conforme à sa nature : un jour que son possesseur était aller faire des courses en ville, ayant laissé sa machine cachée dans les bois comme à son habitude, une étincelle, échappée de quelque foyer intérieur, y mit le feu et l'appareil fut consumé entièrement ..

Dans ces mêmes contes, des Milles et une nuits, nous trouvons la description de la montagne magnétique : «C’est une voûte de cuivre jaune montée sur dix piliers, au-dessus de cette voûte se dressait un chevalier sur son cheval de cuivre, portant à sa main droite une flèche de cuivre. À son cou est attaché un tableau de plomb sur lequel sont inscrits des incantations tel que: Vous le roi…tant que ce chevalier est monté sur ce cheval … tous les bateaux passant par-dessous se cassent et leurs passagers périssent…»

De même, dans le traité «Futuh al-Bahnasa al-gharra’»4 nous lisons : Le premier roi qui a gouverné Al-Bahnasa fut le roi Chahloun, un roi de profonde connaissance d’ingénierie. C’est lui qui a construit au bord du Nil une maison de marbre, au centre de laquelle se dressait un petit bassin de cuivre. En plus il a fait monter au centre de la ville la statuette d’une femme assise allaitant un bébé qu’elle portait sur ses genoux. Une croyance régnait, dans ce temps, par lequel les femmes sont obsédées, qui consistait à une guérison magique. Pour cela il suffit que la femme essuie par sa main la partie du corps de la statuette où elle sentait le mal pour qu’elle guérisse.

Ce même roi a fait monter dans cette ville et au sommet d’une colline de sable, un chevalier monté sur son cheval, et qui pointe sa flèche suivant la direction du vent. Il accomplit des rotations rapides afin qu’il empêche les tempêtes de sable d’attaquer la ville. Il a fait aussi un statue de pierre noir et l’a fait monter à la porte d’entrée de la ville. Cette statue souriait à la rentrée d’une personne de bonheur et il pleurait pour la rentrée d’une personne de malheur.

Dans le récit du Zaher Bibars5 on présentait la salle du vizir Ahmad ben Abadiss al-Sabki comme suit : Il l’appelait le petit paradis. Une fois qu’il s’y présentait , il ordonna a son valet d’ouvrir les fontaines d’eau. Cette eau s’écoulait faisant mouvoir, sur son parcours, des statuettes et des arbres, poussait la bise dans les vallées et enchantait la vie dans le petit paradis.

Le récit d’Antara ne manquait pas à ces imaginations. Dans une citations nous lisons :«… une fois la porte est ouverte, nous nous trouvons devant un chevalier aussi long que large, ressemblant au fils de qabeel, portant à sa main droite une épée si lourde qu’elle pouvait démolir un mur, voir même une montagne. Il semblait se dirigeait vers nous, pour nous faire du mal.. Ce chevalier montait sur un des plus nobles chevaux 

Dans ces récits imaginaires, on ne saurait trouver une vision plus rapprochée d'une intuition future. De tels contes ne sont pas indignes de l'histoire de la science. Ils montrent le travail de la pensée à la recherche du progrès, l'imagination précédent le fait, et ce long désir de l'esprit qui prépare les découvertes

 

 Les automates dans la littérature arabe ancienne

Dans les traités de l’ancienne littérature arabe nous assistons à des descriptions, plus proches de la réalité que de l’imagination, de maintes automates très différents. Il est très probable que ces automates furent construits par des techniciens, mais malheureusement, nous ne trouvons aucune description des procédés techniques utilisés dans ces temps.

Dans le livre d’Ahmad Taymûr "La photographie dans le monde arabe" nous lisons : « Dans l’histoire de la construction de Bagdad al-Bagdadi signale qu’Al-Mansûr a construit une ville dont le centre fut occupé par son château et un grand mosquée. Il a de même construit un grande coupole verte dont la hauteur dépasse les 80 zira’ (1 Zira’=56 cm) . Un chevalier montant son cheval et tenant à la main droite une flèche, se dressait au sommet de cette coupole. Il tournait constamment en suivant la direction du vent. On le surnommait, avec la coupole , la couronne de la ville et le drapeau de Bagdad …"

Quant au salon de divertissement du Chahenchah , fils de l’émir de l’armée, Badr al –Jamali , il renfermait huit automates, représentant huit jeunes filles habillées de soie de couleurs vives et ornées par les joailleries les plus précieux . Elles se classaient en deux rangées opposées, de quatre automates chacune. Celles de droite constituaient par de l’ambre tandis que celles de gauche, de couleur blanche, sont fabriquées en camphre. Quand l’émir Chahenchah rentrait par la porte , les huit automates s’inclinaient , pour se redresser, une fois que l’Émir s’installait sur son divan.

En décrivant le château de l’arbre Yaqout dit : C’est l’un des vaste châteaux d’al-Muktader à Bagdad. On l’appelait le château de l’arbre car , dans son jardin fut planté un arbre en or et en argent. Cet arbre portait dix-huit branches dont chacune possédait des bronchioles portant en plus des oiseaux en or et argent , différent genre de pierres précieuses . une fois le vent soufflait on entendait des gazouillements, des roucoulements et toute sorte de chant d’oiseaux .

Dans un coin, à droite et à gauche d’un grand bassin , se dressaient 15 chevaliers montaient sur leurs chevaux . Ils sont habillés en soie ornée de pierres précieuses. Ils se déplaçaient en une seule rangée, chacun portait son sabre et marchait à pas cadencés.

En Andalousie, l’image est encore plus riche. Ses rois furent encore plus obstinés par les richesses accordées aux châteaux et à leurs jardins. La ville d’al-Zahra’ avec la richesse de ses palais, la somptuosité de ses jardins fut un témoin.

En parlant des châteaux d’Al-Zahra’ Al Maqri relate que Ahmad ben Talonne a apporté de Damas, à Abdul Rahman al-Naser, un petit bassin vert orné de statuettes d’une beauté imaginaires.

Al-Sakhawi raconte dans son traité «Al-Tibr al-masbouk » ce quit suit :" Les soldats qui venaient d’Alexandrie au mois de Rajab, présentaient au roi une citadelle en bois qui , une fois attaquée par un flèche , une porte s’ouvrait présentant une statuette armée d’une épée et d’un bouclier , qui attaquée par une autre statuette plus petite , ne tarda pas à lui couper la tête . Le roi fut ravi et ordonna de les récompenser. "

1- Ibn Kalabi Abou Munzir Hicham ben Mohammad – « Kitab al-Asnam» ( Le livre des statues) – Le Caire la librairie arabe 1965

2 - Al-Firdawsi - "Firdaws al-Hikmah" - manuscrit sans date

3- les milles et une nuits - Le Caire - Édition «abdel rahman Ruschdi - 1279 H

4 - Futuh al Bahnasa- Mhamad ben Mhamad al-Mu Izz - le Caire 1305 H

5 - Récit de Zaher Bibars - Le Caire - Édition abdel -Hamid al-hifni

 

Dans toutes ces descriptions, les auteurs ne font aucune allusion aux procédés mécaniques utilisés pour les faire fonctionner

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Les automates du Moyen Âge .

Les automates d'al-Jazari -1