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Apport original des savants arabes à l'Europe médiévale  - suite

- L'astronomie arabe permit une confrontation fructueuse, au XIIIe siècle, avec l'astronomie chinoise et exerce une influence directe sur l'astronomie européenne .

Dans l'essor scientifique, visible de Delhi à Tolède et dû à l'extension de la civilisation arabo-musulmane, l'astronomie n'a cessé d'être présente en marquant en outre la vie sociale par des activités qui intéressaient autant les savants mathématiciens que les voyageurs, les navigateurs, les hommes religieux et les souverains. Concrétisée par l'urbanisme des différents royaumes par l'installation de magnifique observatoires de plus en plus importants - comme celui qui , en 988 fut édifié dans les jardins du palais royal de Bagdad et où travailla abu l wafa, sans parler des observatoires privés tels que celui d'Ibn yunes au Caire vers 990- Cette branche des sciences mathématiques donna lieu autant au perfectionnement d'instruments portatifs tel que l'astrolabe et le quadrant qu'à l,amélioration des résultats acquis par Ptolémée, grâce aux nouvelles tables (al-Zij) et planches astronomiques arabes.

Sur le terrain strictement scientifique, on peut dire que «c'est en astronomie que la méthode expérimental arabe, avec des patientes accumulations d'observations a marqué le plus visible progrès. Dans ce domaine, également, des efforts théoriques méritoires ont permis d'améliorer la connaissance de certains aspects des mouvements planétaires». Al-Biruni pratiqua presque toute sa vie l'astronomie et il composa «à Gazna une remarquable encyclopédie astronomique où est formulée la possibilité logique du mouvement de la terre autour du soleil, comme facteur d'explication des mouvements apparents des astres.» (c. Cahen).

Le développement de l'astronomie chez les Arabes atteignit un tel degré de maturité qu'au IIIe siècle, après l'invasion mongole de Hulago, eut lieu «un confrontation fructueuse entre les méthodes des astronomies musulmane et chinoise» notamment «par l'arrivée en Chine , avant 1280, de l'astronome persan Jamal al-Dîn qui marque une étape importante dans l'évolution de l'astronomie chinoise». Par ailleurs à l'autre extrémité du monde arabo-musulman «il est manifeste que, jusqu'au XVe siècle , l'astronomie européenne  a été sous l'influence directe de l’astronomie musulmane qui, pendant plus de six siècles, a réalisée une œuvre d'observation tout à fait remarquable ». Le mot «azimut» vient de l'arabe al-samt (direction) et le mot « almanach » de al-manakh (emprunté au syriaque: en «l'année prochaine») qui fut le titre d'un célèbre ouvrage de l'astronome mathématicien marocain de Marakach, au XIIIe siècle, Ibn al-Banna.

L'astrolabe: instrument portatif perfectionné par le célèbre astronome de Tolède Azarchel «al-Zarqali».

 C'est un célèbre astronome de Tolède, au XIe siècle al-Zarqali, connu chez les latin sous le nom d'Azarchel, que revient le mérite d’avoir publié des tables astronomiques, qui sont à l'origine des fameuses Table alphonsines,  dressées en 1252 sur l'ordre du roi de Castille Alphonse X, par de célèbres astronomes chrétiens, juifs et surtout arabes. Ces tables destinées à  remplacer celles de Ptolémée, divisaient l'année en 365 jours 5h 45mn et 16 s, évaluation qui ne dépasse que de 36s les meilleurs détermination modernes.Mais al-Zarkali a surtout inventé un astrolabe universel, valable pour toutes les latitudes , alors qu'auparavant il fallait une tablette (safiha)  par latitude.

- Sciences naturelles et sciences médicales 

L'alchimie et la chimie parmi les sciences de la nature .

Les alchimistes arabes ont ouvert la voie dès le VIIIe siècle à la chimie moderne, tandis que , au IXe et au XIe siècle, avec une conception différente, il réalisèrent une ébauche de chimie.

- l ' art médical

La formation des médecins dans le monde musulman porta la marque du Grec Hippocrate, mais s'enrichit  de l'expérience de plusieurs  génération de savants arabes.

Les activités médicales ont permis à de fortes personnalités intellectuelles de révéler leur talent et d'aboutir à des résultats scientifiques d'une originalité dont héritera avec bonheur l'Europe. 

Un pionnier d'une valeur exceptionnelle, le médecin arabe chrétien Hunayn Ibn Ishaq, accomplit de multiples traductions d'ouvrage et occupa aussi le poste de médecin en chef de la cour.

Le Persan d'origine Abu Bakr al-Razi devint, à la fin du IXe siècle, l'un des premiers grands maîtres de la médecine arabe.

L'art médical ne cessa de se perfectionner notamment en chirugie:al-Zahrawi réalise des progrès qui en feront un maître renommé en Europe.


 Conclusion

 La science et la philosophie arabe, favorisèrent dès l'an 1000 l'éveil d'une Europe devenue au XXe siècle un ferment pour le renouveau arabe.

 Science et philosophie arabe portèrent leurs fruits , qui ne manquèrent pas d'être remarqués, dans une Europe appelée à connaître son propre éveil. Trois siècles et demi après l'éclosion de la civilisation arabo-musulmane- qui avait si intelligemment assuré sa fortune en assimilant, en arabe, les connaissances des anciennes civilisations du Moyen-Orient- l'Europe ressentit la nécessité d'effectuer une semblable démarche en intégrant, notamment en latin, les connaissances anciennes qui venaient de fructifier dans la langue de l'Islam. Un des premiers à profiter de la science arabe fut un auvergnat d'origine modeste , Gerbert- pape de l'an 1000 - né en 938, à une dizaine de kilomètre d'Aurillac, dans le petit village de Beillac,[...] Vers 967, il séjourna au monastère de Rippol, en catalogne où il étudia , dans des ouvrages arabes, les mathématiques et l'astronomie et utilisa ainsi les chiffres arabes et peut être l'astrolabe. Il enseigna ensuite à Reims, divulgant ses connaissances en mathématiques , puis fut élu pape , en 999, sous le nom de sylvestre II.

Que d'Européens illustrent jalonnent l'histoire de cet ère de traduction qui fut inaugurée, non plus, comme au VIIIe siècle en Orient ,pour  traduire du grec, du persan, de l'indien, du syriaque  en arabe, mais en Occident , du Xe au XIII siècle , pour, surtout, traduire de l'arabe en latin, en hébreu ou en catalan. On n'allait plus chercher la science grecque à Jundichapûr , mais la science arabe à Carthage, à Tolède, à Séville, à Palerme pour qu'elle fructifiait à son tout , notamment dans les écoles de médecine en Italie, à Salerne et en France , à Montpellier[...] . «Ce ne fut pas avant 1550 que l'Europe reprit à son compte une autre méthode des Arabes : l'enseignement clinique des étudiants dans un hôpital[...]. Cependant , au moins trois siècles plus tôt, l'enseignement clinique se donnait à Montpellier au cours des visites médicales à domicile»Le premier livre de diététique à avoir été imprimé  est celui d'Al-Razi, à Padou en 1487. Le canon d'Avicenne fut imprimé avant les œuvres de Galien, en 1473, puis en 1475, et on en comptait déjà, en 1500, seize éditions.

Un spécialiste de Kant , J. Ferrari, note que:                                

«c'est au nom de Dieu Clément et très Miséricordieux »  

(Bismillah ar-Rahmanar-Rahim) et cette expression figure en langue arabe sur le diplôme, que la faculté de philosophie de l'université de Königsberg conféra à Emmanuel Kant, le 12 juin 1755, le grade de Docteur en philosophie . Qu'au milieu du XVIII  siècle, dans les textes officiels d'une université prussienne de création récente, l'on trouve en arabe le premier verset du Coran témoigne de l'importance qui était accordé à l'époque à une langue et à une pensée dont le rayonnement permit au Moyen Age chrétien de retrouver les sources grecques de la philosophie.»