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Avis des témoins

al-khawarizmi

Introduction du livre d'algèbre d'al-Khawarizmi.

J'ai rédigé, dans le domaine du calcul par le jabr, un abrégé englobant le plus fines et les plus nobles opération du calcul dont les hommes ont besoin pour la réparation de leurs héritages et de leurs donations, pour leurs partages et pour leurs jugements, pour leurs transactions commerciales et pour toutes les opérations qu'ils ont entre eux, relatives à l'arpentage, à la réparation des eaux de rivières, à l'architecture ainsi qu'à d'autres aspects. (...)

Lorsque j'ai réfléchi à ce dont ont besoin les gens en calcul, j'ai découvert que tout cela était des nombres et j'ai découvert que tous les nombres sont composés en fait«à partir» de l'un et que l'un est dans tous les nombres; j'ai trouvé que tout ce que l'on prononce comme nombres qui dépassent l'un jusqu'à dix découle de l'un; puis dix est doublé puis triplé comme on l'a fait pour un; il en résulte alors vingts, trente, jusqu'à cent exactement. Puis, cent est doublé et triplé comme l'on fait pour un et pour dix, jusqu'à mille; puis mille est ainsi répété à chaque nœud jusqu'au nombre considéré.

J'ai découvert aussi que les nombres dont on a besoin dans le calcul par la restauration et la comparaison sont de trois types; ce sont les racines, les carrés et le nombre seul, non rapporté à une racine ni à un carré. Parmi eux, la racine est toute chose - parmi un, les nombres qui lui sont supérieurs et les fractions qui lui sont inférieures- qui est multipliée par elle-même. Le carré est tout ce qui résulte de la racine multipliée par elle-même. Le nombre seul est tout ce qui est exprimé comme nombre sans rapport à une racine ni à un carré.

Source: Al-Khawarismi. Kitab al-jabr(Le livre d`algèbre) Éd. critique par A.M. Musharafa et M.M. Ahmad . Le Caire 1986, p. 15-16.

Ibn- Khaldûn

L'argricuture vue par Ibn- Khaldun(XIVe siècle)

L'agriculture est une branche de la physique. Elle étudie la culture et la croissance des plantes, leur irrigation, leur traitement, l`amélioration des sols, le choix des saisons propices et l`application régulière des moyens propres à les faire croître et prospérer. Les Anciens s`intéressaient beaucoup à l`agriculture en général. Ils étudiaient les plantes à plusieurs point de vue: leur mise en terre, leur multiplication, leurs propriétés, leurs vertus, les rapport de celle-ci avec les esprits des astres et des corps célestes, connaissance utilisé en magie. Ils y prenaient donc un grand intérêt. Un ouvrage grec, sur l'agriculture nabatéenne, attribué aux Nabatéens, a été traduit en arabe. Il contient beaucoup de renseignements de ce genre. Les musulmans qui l`ont étudié, craignant de tomber dans les pratiques magiques défendus par l`Islam, se sont bornés aux parties du livre qui traite de la mise en terre ou des soins à donner aux plantes. Ils ont composé beaucoup d`ouvrages sur l'agriculture, qui ne traitent que de la mise en terre et des soins à donner aux plantes, de la manière de les protéger de tout ce qui peut  nuire ou affecter leur croissance , etc. On trouve ces livres aisément.

Source: Ibn Khaldun. Discours sur l'histoire universelle. Al -Muqaddima, Paris Sindbad, 1967-1968- trad. V. Monteil . p.1082- 1083.

al-Maqrizi

L`Égypte a plusieurs bons historiens, dont le plus célèbre est Makrizi. Il naquit en 706 de l'hégire (1364) au caire; il fut élevé par son grand-père maternel qui l'instruisit dans le droit hanéfite; mais, ses études étant achevées, il passa aux Châfi'ites et devint un adversaire ardent de son premier parti. Il fit le pélerinage de La Mecque et, à son retour, entra dans les emplois comme juge suppléant et secrétaire.

Entre autres fonctions, il eut celle de professeur de traditions à la Mu'aijadia. En 811, il se transporte à Damas où il devient administrateur des biens Wakouf à la Kalânisija et à l'hôpital de Nouri. Il y professa aussi; puis rentra au Caire pour se livrer tout entier à ses travaux littéraires. Ayant fait une seconde pélerinage avec sa famille, il revint dans cette ville, où il mourut, après une longue maladie, en 845(1442) .

Au début du XIe siècle, dans la  nouvelle capitale des califes chïìt fatimides d'Egypte, Le Caire, une grande université - Al- Azhar - fut créée en 970. Mais le calife al-Hakim(996-1021) mit son point d`honneur à créer, dans son palais de l`Orient, un centre d`études scientifiques destinés à éclipser par sa grandeur les institutions de ses prédécesseurs en Orient. Plus de quatre siècles après, l'historien al-Maqrizi faisaient une description admirative de cette académie:

« Le samedi 10 du mois de jamada II de l'année 395 (24 mars 1005 de l'ère chrétienne), on ouvrit au Caire "La Maison de la science"; on y installa des jurisconsultes et l'on y transporta des livres tirés des bibliothèques du palais. Chacun avait la liberté d'entrer et de lire, ou de copier tout ce qu'il voulait. Cette maison fut ornée avec soin, décorée de tapis et de rideaux, et l'on y attacha des intendants et des valets de chambre pour en faire le service. Ensuite on y établir des lecteurs , des astronomes, des grammairiens et des médecins. La bibliothèque que Hakim avait fait porter, renfermait des ouvrages sur toute sorte de matières, des livres copiés de la main des plus célèbres calligraphes, et formait la collection la plus nombreuse qu`aucun prince  eût jamais rassemblée. Hakim par un magnificence bien louable [...],  assigna un traitement annuel aux jurisconsultes et à tout ceux qui étaient attachés à cette maison. Tout le monde y était admis sans distinction. Les uns venaient pour lire des livres, d'autres pour prendre des copies, d'autres pour écouter les leçons des différents professeurs. On y trouvait l'encre, le papier et les plumes dont on pouvait avoir besoin. En 1031, Hakim manda plusieurs mathématiciens, logiciens, jurisconsultes et médecins attachés à la "Maison de la Science". Chaque classe de savants fut appelée séparément, pour conférer en présence du calife qui les combla de dons et les fit tous revêtir de robe d'honneur»

Ce même historien, dans son traité "Al- Khutat" décrit les trésors cachés dans les armoires des palais des Fatimides. En décrivant ces armoires, al-Makrizi nous rappelle la description des trésors imaginaires des contes des Milles et une Nuits. Il dit: "L'armoire des trésors et des pierres précieuses des Fatimides s'élevait sur quatre pieds d'or dont chacun représente un lion assis sur ses quatre pattes. Cette armoire renferme plus de vingt mille statuettes d'or et d'argent, parfumées de camphre. Chaque statue pesait au moins douze mann (1). La plus éblouissante fut la statuette du paon en or sertie de pierres précieuses. Deux rubis brillaient dans ses yeux. Son corps et son plumage sillonnés d'or et d`argent donnait un vif éclat. A sa droite, se dressait un coq d`or dont une grosse pierre de rubis formait la crête. A sa gauche, une petite gazelle d`argent incrustée de pierres précieuses multicolore, scintillait dans tous ses éclats.

1 - mann: ancienne unité de poids ; 1 mann =260 dirhams; 1 dirham = 3,125g; soit 1mann=816,5g. (d`après le traité d`Al-Khzini «Mizan al -Hikma» - la balance de la sagesse-)

Source - Les Penseurs de l'Islam - Carra De Vaux - Librairie Orientaliste Paul Geuthner - Paris

 


 

Al-Biruni

 Botanique et mathématique selon al-Biruni (XIe siècle)

Parmi les particularités des fleurs, il en est une qui semble réellement étonnante: à savoir que le nombre de leurs pétales, dont le sommet forme un cercle lorsqu'elles commencent à s'ouvrir, se conforme dans la plupart des cas aux lois de la géométrie. En général, elles épousent géométriquement les cordes d'un cercle, non les sections coniques. Il vous sera difficile de trouver une fleur à sept ou neuf pétales: la raison en est que, suivant les lois de la géométrie, l`on ne pourrait la construire dans un cercle avec des triangles isocèles. Le nombre des pétales est toujours de trois, quatre, cinq, six, ou dix-huit. Ces nombre se rencontrent souvent.

Peut- être trouvera-t-on un jour une espèce de fleur à sept ou neuf pétales, ou peut-être ces nombres se rencontrent-ils parmi les espèces déjà connues; mais dans l`ensemble, il faut reconnaître que la nature maintient ses genres d`espèces tels qu`ils sont.

Al-Biruni, Athar Baqiyya 'an al-qurun al-khaliyya (Les vestiges restant des siècles révolus) Courrier de l`Unesco . juin 1974, p. 25.

Observation géologique d'al-Biruni :

La mer est devenue terre et la terre est devenue mer; de tels changements, s'ils ont eu lieu avant que l'homme n'existât, ne sont pas connus, et quand ils sont parvenus ultérieurement à son existence, on n`en a pas souvenir parce que la longueur des temps écoulés a effacé les témoignages de ces évènements, surtout s'ils sont survenus peu à peu.

Le désert d'Arabie était en un temps une mer qui s'est modifiée, si bien que les traces de sa forme première sont encore visibles quand on creuse des puits ou des étangs, car on commence par trouver des couches de poussière, de sable et de cailloux, puis on atteint dans les sols des coquilles, du verre et des os dont on ne peut dire qu'ils ont été ensevelis ici à dessein. Non, car on exhume même des pierres dans lesquelles sont inclus des coquillages, des cauris, et ce qu'on appelle des «oreilles de poissons», parfois parfaitement conservées, ou bien ayant laissé des empreintes de leur forme première alors que la bête a péri.

Source : M.S. Atchekzai. «Un pionnier de l`observvation scientifique» Courrier de l`Unesco, juin p 18 et 42.

Le témoignage de l'astronome al-Biruni (XIe siècle ) sur les polémiques scientifiques.

Thabit ibn Qurra consacra un livre au rapport composé, à ses différentes espèces et à ses applications, et un autre à la figure sécante, exposant comment en simplifier les démonstrations. Nombreux sont les auteurs modernes qui approfondirent cette question, tels Ibn al-Baghdadi et beaucouop d'autres. Ils lui accordèrent un intérêt particulier, car c'était en quelque sorte la pierre angulaire de l'astronomie; sans elle, aucun des calculs ci-dessus mentionnés n'eût été possible. On en étudia donc les principes et les applications, et l'on en acquit l'usage.

Ainsi fut-il jusqu'à l'époque actuelle, notre époque si étonnante, si prodigieusement féconde, mais non exempt de contradictions. J'entends par-là que si nos contemporains voient se multiplier les domaines de la connaissances, s'ils sont naturellement enclin à rechercher en toute science la perfection, s'ils réussissent même, par des mérites accrus, là où les Anciens les plus illustres avaient échoué, on trouve chez eux des comportements qui contraste avec ce que nous venons de dire. Un âpre rivalité oppose ceux qui sont en compétition. Ils se jalousent mutuellement. Querelles et disputes l'emportent au point que chacun envie l'autre et se glorifie de ce qui n`est pas de lui. Tel pille les découvertes d'autrui, se les attribue et en tire profit, et il voudrait encore que l'on feigne de ne pas s'en apercevoir; mieux, qui dénonce son imposture est aussitôt pris à partie et exposé à sa vindicte.

Ainsi l'a-t-on vu au sein d'une élite de nos contemporains à propos de la construction de l'heptagone régulier, de la trisection de l'angle et de la duplication du cube. C`est aussi ce qui se produit entre un certain nombre de savants au sujet d'une figure aisée à comprendre, facile à utiliser, qui  vise les mêmes objectifs que la «figure sécante» et la remplace parfaitement dans toutes ses applications.

Source: M. Th. Debarnot, al-Biruni. Les clés de l'astronomie. Damas , Institut francais de Damas , 1985. p. 93-94

La pharmacie selon al-Biruni

La pharmacie consiste en la connaissance des drogues simples quant à leurs genres, leurs sortes et leurs traits caractéristiques, et en la connaissance de la confection des médicaments composé selon leur recette établie ou selon le désir de la personne chargée du traitement. Ce qui est placé au plus haut rang, c`est la connaissance de la force des médicaments simples et de leurs caractéristiques.

Source : Al-Biruni , Kitab as-Saydana fi al-tib( le livre de la pharmacie en médecine) cité par N. Stephan, « la pharmacie médéviale d`expressions arabes». in La médecine au temps des califes.

Ibn Sina 

Ibn Sina et la formation des montagnes (Xe-XIe siècle)

Quant à l'élévation <du sol>, elle peut avoir une cause par essence, comme elle peut avoir une cause par accident. Quant à la cause par essence, c'est comme ce qui arrive dans de nombreux tremblements de terre puissants où le souffle, agent du tremblement de terre , soulève une partie de la Terre et produit brusquement un monticule. Quant à la <cause> par accident, c'est<comme> lorsqu'il arrive que des failles <advienne>à une partie de la Terre, et pas à une autre, parce que des vents ont soufflé ou des eaux ont creusé, provoquant un mouvement d'une partie de la Terre et non de l'autre. Alors celle sur laquelle s'est écoulée<l`eau> se creuse et celle sur laquelle elle ne s'est pas écoulée reste <comme> un monticule. Puis, les ruissellements ne cessent d'approfondir le premier creusement jusqu'à ce qu'il atteigne  des profondeurs importantes. Alors, ce qui reste de l'effondrement, devient une montagne.

Mais il est possible aussi que l`eau ou le vent ait un effet régulier, sauf que les parties de la Terre sont différentes. Certaines d'entre elles sont tendres et d'autres solides. Alors, les <parties>  terreuses et tendres se creusent et les <parties> solides restent élevées. Puis cette érosion ne cesse de creuser et de s`étendre tout au long des jours, alors que la <partie> émergente reste, en devenant plus élevée à chaque fois que la Terre se creuse .

(...) La formation des montagnes a eu lieu selon l'une des causes<à l'origine>de la formation de la pierre. En <règle > générale, sa formation<a eu lieu>, tout au long du temps à partir d'une argile compacte et sèche qui s`est solidifiée au cours d'une période indéfinie. Il semble que cette Terre ait été dans le temps passés non habitée mais plutôt couverte par les mers. Puis, elle s`est solidifiée, soit après l'émergence petit à petit au cours d'une période dont l'histoire n'a pas retenu ses limites, soit sous les eaux à cause de l`intensité de la chaleur existant sous les mers. <Mais> le plus probable est que cela ait eu lieu après l'émergence et que son argile l'ait aidée à se solidifier puisque son argile est compacte. Comme argument à cela, l'existence dans de nombreux pierres, lorsqu'elles sont brisées, des parties d'animaux aquatiques comme les coquillages et autres.

Source: Ibn Sina: Risalat al-ma`adin wa al-athar al`ulwiyya (épître sur les minerais et les phénomènes météorologiques) cité par A.Sakri, in Encyclopédie de la civilisation arabo-musulman , vol I p 605-606.

La médecine selon Ibn Sina

Je dis que la médecine est une science dans laquelle on apprend à connaître les états du corps humain relativement à ce que est sain et ce qui sort de la santé, en vue du maintien de celle-ci, lorsqu'elle existe et de sa restauration lorsqu'elle est perdue.

Source : Ibn Sina, al-qanûn fi al-Tib (Le canon de la médecine ) cité par D. Jacquart et F. Micheau. in La Médecine au temps des califes. Paris . Institut du  monde arabe, 1996.

Hunayne Ibn Ishaq

Témoignage sur l'enseignement de la médecine à Bagdad au milieu du IXe siècle

Les études des élèves de l'école de médecine d'Alexandrie se sont limitées à ces <vingt> livres selon l'ordre que j'ai moi-même suivi. Ils ont pris l'habitude de se réunir tous les jours pour lire et traduire un fragment particulier de ces publications, comme ont pris l'habitude nos frères chrétiens, à cette époque, de réunions qu'ils fréquentent dans les instituts d'enseignement connus sous le nom de Schola pour étudier un sujet particulier dans l'un des ouvrages des prédécesseurs. Quant aux livres de Galien restant on a pris l'habitude de les étudier chacun indépendamment après une étude introductive des livres que nous avons indiqués, comme cela est le cas pour nos frères à propos des commentaires des livres des prédécesseurs.

Source: Hunayn Ibn Ishaq « Épître sur les traduction de Galien»in T. Arnold l`Héritage de l`Islam

 


 

Al-Andalousi

Vers 1068 , à Tolède , Saïd Al-Andalusi composa la première histoire des sciences.

Nous tirons une citation fort  intéressante de son  traité «Kitab Tabakat al-Umama» . traduction. R. Blachère , Paris 1935.

La catégorie des nations qui a cultivé les sciences forme l'élite et la partie essentielle des créatures d'Allah. Ces nations, en effet, ont tendu à acquérir les vertus de cette âme raisonnable qui fait l'espèce humaine et en corrige la nature.[...]

Les philosophes hellènes sont les plus éminents des hommes par le rang et les plus grands des savants par le zèle véritable qu'ils ont montré dans les diverses branches du savoir: dans les sciences mathématiques, logiques, physiques et métaphysiqyes, ainsi que dans les sciences politiques qui traitent de la constitution de la famille et de la société.[...]

Au nombre des traits particuliers aux Perses se trouvent un goût extrême pour l'art médical et une connaissance approfondie de l'astrologie et de l'influence des astres sur le monde sublunaire. Ils possédaient d'antiques observations et des systèmes divers sur le mouvement des planètes. Parmi ces systèmes, signalons celui d'après lequel Abu Ma'shar Ja'afar ibn Muhammad ibn 'Umar al-Balkhi dressa sa grande table astronomique, prétendant que ce système était celui des perses et d`un grand nombre de savants de tous les pays.[...]

Lorsque la califat passa à Abd Allah al-Ma'mun ibn Harun al-Rachid ibn Muhammad al-Mahdi ibn abu Ja'afar al-Mansur, quand, poussé par son propre génie, ce prince désira connaître la philosophie, quand sa haute intelligence l'eut mis à même d'embrasser toutes les sciences philosophiques, quand les savants de son époque eurent pris connaissance de l'Almageste,quand ils eurent compris le dispositif des instruments d'observation décrit dans cet ouvrage, al-Ma`mun fut amené à faire venir auprès de lui, de tous les points de son empire, les hommes remarquables de son temps. Il leur ordonna de construire des instruments semblables, de s'en servir pour la mesure des astres et, à l`aide de ces instruments d'essayer de déterminer la position des étoiles, comme l'avaient fait Ptolémée et ses prédécesseurs. Ils firent ce qui leur était ordonné et, avec ces instruments ils livrèrent à des observations dans le quartier d'al-Shammâsiyya, (à Bagdad), et au mont Kâsiyun, dans la région de Damas, en Syrie, en 214/829. Ils déterminèrent la durée de l'année solaire fixée par l'observation, la valeur de l'inclinaison du soleil, l'excentricité de son épicycle, le lieu de son apogée. Ils parvinrent, en outre, à connaître certaines particularités du reste des étoiles errantes et fixes. La mort du Khalife, en 218/833, empêcha ces savants d'accomplir entièrement ce quìl avaient projeté, mais ils consignèrent les résultats auxquels ils étaient arrivés dans un traité intitulé ar-Rasad al-ma`muni (l`Observation-ma`munide). Ce furent les astronomes Yahya ibn Abi Mansur, premier astronome de son temps, Khalid ibn'Abd al-Malik al-maruzi, Sind ibn Ali et al-'Abbas ibn Sa'id al-Jawhari qui s'acquitèrent de cette tâche; chacun d'eux composa une table astronomique qui porte son nom et qui est entre les mains de tout le monde, aujourd'hui encore. Leurs observations furent les premières faites dans l'empire islamique.

Depuis cette époque jusqu'à la nôtre, quelques musulmans et non-musulmans admis dans l'ìntimité des califes`Abbasides ou d`autres princes mahométans, n'ont cessé de cultiver l`astronomie, la géométrie, la médecine et autres sciences anciennes; ils ont continué à composer sur ces matières des traités importants et à mettre en lumière des résultats curieux obtenus dans ces sciences[...]

À la fin de la première partie du quatrième siècle, le Kalif al-Hakam al-Mustanir bi-llah ibn Àbd ar-Rahmân an-Nâsir li-dîn Allah se prit à cultiver les sciences et à patronner les savants. Il fit venir (en Andalousie) de Bagdad, d'Egypte et d'ailleurs, en Orient, les ouvrages capitaux les plus importants et les plus rares touchant les sciences anciennes et modernes. Il en réunit à la fin du règne de son père et, par la suite, durant son règne personnel, une quantité presque égale à celle réunie par les princes 'abbâsides en un temps bien plus long. Cette tâche lui fut rendue aisée par son amour extrême pour la science, par sa grande ardeur pour acquérir toutes les vertues et par son désir de ressembler aux monarques sages. Tout le monde alors se prit à lire les livres et à étudier les doctrines des Anciens. Ce prince mourut en safâr 366/septembre 976.

Après ce Kalif, son fils Hisham al -Mu'ayyad bi-llah fut proclamé. Comme ce prince était encore mineur, son hâjib (premier ministre) saisit du pouvoir, en Andalousie. Il se nommait Abû`Âmir Muhammad ibn`Abd Allah ibn Abî`Âmir ibn Muhammad ibn`Âmir  al-Ma`âfiri al-Kahtânî. Dès qu'il fut maître de l'empire, Abû`Âmir se rendit dans les bibliothèques d'al-Hakam, père de Hisham, qui contenaient les ouvrages dont il a été parlé et d'autres, fit sortir toutes les espèces d'écrits qui s'y trouvaient, en présence de quelques théologiens, et ordonna à ces derniers de mettre de côté, à l`exception des traités de médecine et d`arithmétique, ceux des livres qui traitent des sciences anciennes: logique, astronomie et autres sciences cultivées par les Anciens.

Quand on eut séparé ces livres de tous ceux relatifs à la lexicographie, à la grammaire, à la poésie, à l'histoire, à la médecine, à la juriprudence, à la tradition, enfin aux sciences admises chez les Andalous (seul échappa ce qui se trouvait (confondu) avec ces derniers  écrits mais c'était peu de chose, Abû`Âmir commanda de brûler et détruire ces ouvrages traitant des sciences anciennes. Certains furent donc livré à la flamme; d'autres furent jetés dans les puits du Palais et enfouis sous de la terre et des pierres ou furent détruits de quelques manières .

Abû`Âmir agissait ainsi pour se concilier le peuple d'Andalousie et pour stigmatiser à ses yeux les principes du Khalife al-Hakam. Ces sciences, en effet, étaient mal vues des vieilles gens et critiquées par les grands. Quiconque les étudiait était suspect à leurs yeux d'hérésie et tenu pour entaché d'hétérodoxie. La plupart de ceux qui alors s'étaient mis à étudier la philosophie, perdirent leur ardeur, se terrèrent et gardèrent secret ce qu'ils savaient de ces sciences. Les hommes de talent de ce temps, jusqu'à l'effondrement de la dynastie Umayyade, en Espagne, ne cessèrent de celer ainsi leur savoir, et de cultiver seulement au grand jour celles des sciences qu'il leur était permis d'étudier, comme l'arithmétique, la science des partages successoraux (farâ`id), la médecine et quelques sciences militaires.

Au début du cinquième siècle de l`Hégire (XIe de J.C), l'empire fut partagé entre ceux à qui la chose fut possible. Des principautés se constituèrent et chacun de ceux qui en étaient maîtres prit pour capitale une des villes principales de la Péninsule. Cependant, l'attention des émirs régnant dans la cité la plus importante, Cordoue, détournée par l'apparition de ces principicules, cessa de s'attacher à persécuter et à poursuivre les savants. Les troubles forcèrent d'autre part à vendre les bibliothèques et tous les meubles que renfermait le palais de Cordoue. Cela fut cédé à vil prix et pour une somme infime. Les ouvrages de ces bibliothèques furent dispersés dans toutes les contrées de l'Andalousie. Parmi eux, on retrouva des fragments précieux de sciences anciennes qui avaient échappé aux mains de ceux chargés de la bibliothèque d'al-Hakam, au temps d'al-Mansûr ibn Abî'Âmir. De plus, tous ceux qui, dans le peuple, possédaient des ouvrages traitant des sciences anciennes montrèrent ce qu'ils détenaient.

À partir de ce moment, le désir d'apprendre ce qu'avaient su les Anciens, ne cessa de croître peu à peu, les capitales des principautés, de plus, jusqu'à notre époque, devinrent des centres intellectuels. La période actuelle - Allah en soit loué!- en ce qui touche la reconnaissances des sciences (anciennes) et l'absence d'entrave à leur développement , est la plus propice qui fût en Andalousie jusqu'au jour où les princes se détournèrent de ces sciences anciennes et autres. Malheureusement les esprits étant préoccupés par les maux dont souffrent les frontières du fait des chrétiens qui, d'année en année s'emparent des confins de l'Andalousie, - préoccupés par l'impuissance où sont les Musulmans de défendre ces contrées contre les envahisseurs, les hommes avides de science se font plus rares et ne sont plus que quelques-uns en Espagne.

Témoignage sur l'enseignement de la médecine à Bagdad au milieu du IXe siècle


Al-Jahiz

Al-Jahiz (776-868), prosateur arabe , auteur d'ouvrages théologiques, politiques parfois à aspects religieux. il laisse plus de deux cents ouvrages dont une cinquante ont été traduit en français. Les plus répandus sont:

- Kitab al-Hayawan "le livre des animaux"

- Kitab Al-Bukhala` "le livre des Avares"

- Kitab al-Tabassur bi al-Tijara "Le livre de la perspicacité en matière commerciale"

Dans la conclusion de ce dernier ouvrage, Al-Jahiz, met en relief un catalogue d'une variété impressionnante, où figurent non seulement des articles de luxe, mais où sont mentionnés des ingénieurs, des experts, des esclaves et des danseuses; marché non seulement de la beauté et de la sensualité, mais aussi de la matière grise):

« On importe de l`Inde: des tigres, des panthères, des éléphants, des peaux de panthères, des rubis, du santal blanc (bois odorant), de l'ébène et des noix de coco.»

«De Chine: des aromates, des soieries, de la vaisselle, du papier, de l'encre, des paons, des chevaux ardents, des selles, des feutres[...].»

«Du pays des Byzantins: des ustensiles d'or et d`argent, des dinars d'or pur[...]; des étoffes brochées (tissées en entremêlant sur le fond des fils de soie, d`or et d'argent de façon à former des dessins en relief), du brocart, des chevaux ardents, des esclaves du sexe féminin, des ustensiles rares en cuivre rouge, des serrures inviolables, des lyres, des ingénieurs hydrauliciens, des experts agronomes, des marbriers et des eunuques.»

«On importe d'Arabie: des chevaux arabes, des autruches, des chamelles de races, du bois de qân (pour faire des arcs), des peaux tannées.»

«De la Berbérie et des confins du Magreb: des panthères[...], des feutres et des faucons noirs.»

«Du yémen: des manteaux, des peaux tannées, des girafes, des cuirasses, de la cornalie, de l`encens, de l`indigo[...].

«D'Égypte: des ânes rapides, des tissus fins, du papyrus[...], des topazes de qualité supérieure[...].

«De chez les Khazar (peuple vivant dans les steppes de la Russie méridionale jusqu'au Causase): des esclaves des deux sexes, des cottes de mailles, des casques et des camails (armures de tête) de mailles.»

«Du pays de Khawarizm (au voisinage de la mer d'Aral): du musc, de l'hermine, de la martre, du petit-gris (variété d'écureuils à la fourrure gris argenté), du fennec (aspect d'un petit renard) et de la canne à sucre très douce.»

De Samarqand: du papier,

De Balkh ( au nord d'Afghanistan) et de sa région: du raisin doux et des champignons...

De Marw (en Asie centrale soviétique): des joueurs de barbitons (sorte de cithare), des barbitons de haute qualité, des tapis, des tissus.»

«Du Jurjân (sur la côte sud-est de la mer caspienne): des jujubes, des faisins, des grains de grenades succulents, des manteaux de laine souple, de la soie grège excellente[...].»

«Du Rayy (Téhéran): des prunes, du vif argent, des manteaux de laine, des armes, des tissus fins, des peignes[...], des étoffes de Qass en lin, des grenades!»

«D'Isphahan: du miel en rayons et du miel vierge, des coings, des poires "de Chine", des pommes, du sel, du safran, de la soude[...], du sulfure d`antimoine, des lits à plusieurs étages, des vêtements d`excellente qualité, des sirops de fruits[...].»

«De Kirman (Iran au Sud-Ouest):de l`indigo et du cumin [...].»

«De Nisibin (Nord de l'Iraq): du plomb.

«Du Fars (Sud de l'Iran sur le golfe Persique): des vêtements de lin, de l'eau de rose, de l'onguent (crème) de nénuphar, de l 'onguent de jasmin, des sirops.»

«Du Fasa ( à l'est de Chiraz dans le sud de l'Iran): des pistaches, diverses sortes de fruits secs, des fruits frais rares, de la verrerie.»

«Du 'Uman et des côtes de la mer: des perles.»

«D'Al-Ahwaz (dans le khusistan au sud- ouest de l'Iran) er de sa région: du sucre et du brocart de soie.»

«De [...] (mot manquant dans le manuscrit); des joueuses de castagnettes, des danseuses, différentes qualités de dattes et du sucre candi.»

«de Moussoul: des rideaux, des feutres épais, des francolins (genre de perdrix); des cailles[...]

«D' Arménie et d' Azarbayjan (nord- Ouest de l`Iran, à l`ouest de la mer Caspienne): des feutres, des bâts, des tapis, des nattes fines, des ceinture et de la laine[...]

sources: "Historiens arabes" J sauvaget .

Ch. pellat «Jahiziana le kitab Al-Tabassur bi al-Tijara » dans Arabica, mai 1954.