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le luxe des califes

L'urbanisme des villes, l'architecture extérieure des palais, des villas, des mosquées rt des grands immeubles, nous invitent à pénétrer plus profondément à l'intérieur pour découvrir leurs richesses incomparables et se renseigner sur la vie de luxe que menaient les califes et la haute société.

À Bagdad, le luxe des califes se présente dans les palais . D'après Abu al-Fida (1) , ces palais étaient riches par ses tapisseries en soie brodées d'or. Les grandes salles d'audiences étaient particulièrement impressionnantes par leurs rideaux et leurs coussins choisis parmi les plus fines soies de l'industrie persane. Chaque palais gardait un aspect original très particulier. "Le palais des Pléiades" d'al-Mu'tadid fut caractérisé par ses neuf mille chevaux , mulet et chameaux logés dans ses écuries(2). "Le châteaux de l'arbre" d'Al-Muktader ainsi nommé parce qu'on avait placé un arbre artificiel à dix huit branches d'or et d'argent. Sur les rameaux ainsi que sur les feuilles recouvertes de dorures étaient installés des oiseaux mécanique faits des mêmes précieux métaux . Au moindre souffle, les branches se balançaient, les feuilles frémissaient et les oiseaux chantaient(3).

Ce goût de magnificence atteignait un degré tel que dans les jardins, on avaient dissimulé les troncs des innombrables palmiers sous des coffrages en bois de teck contreplaqués d'or.

En Espagne, le califate Omeyyades jouissait des mêmes richesses.Dans le palais d'Al-Zahra', la salle d'audience avait des plafonds et des murs en marbre, huit portes incrustées d'ébène, d'ivoire et de pierres précieuses et un bassin de mercure dont la surface ondulante fait danser les rayons du soleil. Ce palais fut pendant un demi-siècle , le foyer la plus aristocratique de la grâce, de l'éloquence et du raffinement.(4).

De même la richesse des palais des Fatimides fut incomparable non seulement par les tapis et la tapisserie persane, les rideaux en soie brodés d'or et d'argent , mais surtout par les trésors cachés dans leurs armoires.

Al-maqrizi, en décrivant ces armoires, nous rappelle la descriptions des trésors imaginaires "des Mille et une Nuits ". Dans son traité " Al-Khutat" (الخطط ) Il dit:"l'armoire des trésors et des pierres précieuses des Fatimides , s'élevait sur quatre pieds d'or dont chacun représente un lion assis sur ses quatre pattes. Cette renferme plus de vingt mille statuettes d'or et d'argent, parfumées de camphre. Chaque statuette pesait au moins douze manns (5). La plus éblouissante fut celle du paon en or certi de pierres précieuses. Deux rubis brillaient dans ses yeux. Son corps et son plumage sillonnés d'or et d'argent , donnait un vif éclat . À sa droite se dressait un coq d'or dont une grosse pierre de rubis formait la crête. À sa gauche une petite gazelle d'argent incrustée de pierres précieuse, scintillait dans tous ses éclats (6).

L'un des plus anciens et luxueux palais arabe d'Egypte est le palais construit en (211/884) par khammurié fils de Toulon( خماروية). Ce palais d'après des récits arabes(7) , entouré de vastes jardins dont les fleurs dessinaient les passages du Coran. Dans les salons resplendissant d'or et d'azur ; on voyait des statues, habillés de riches étoffes, représentant le prince et sa femme. Sous une colonnade de marbre se voyait un bassin de trente mètre de large plein de mercure réfléchissant la lumière du soleil le jour et le soir celle des la lune et des étoiles. Un matelats gonflait d'air était étalé à la surface du mercure . Il était tiré par des cordes de soie à des anneaux d'argent.(8).

En métallurgie on reconnaît les épais de Tolède, le cuivre de Damas ,les mines d'or et d'argent de Jean et Agave. Baja et Malaga étaient réputé par leurs rubis. À Cordoue l'industrie du cuir était particulièrement florissante(9).

Pour répondre toujours aux besoins du luxe des califes, la technique de l'agricuture fut largement développée; pour le vin  les Arabes introduisirent la culture de la vigne. Pour l'élevage du vers à soie, c'est la culture des muriers qui prend naissance dans le royaume. Le henné dont les femmes orientales faisaient un usage constant pour teindre leur cheveux et leurs ongles , fut cultivé dans toutes les régions où reignait un climat humide et chaud . En Arabie du Sud et en haute-Egypte, le henné atteignait les propotions d'un arbre de deux mètres et demi et vivaient une quinzaine d'années.(10) .

Signalons que les femmes bien qu'elles ne participaient pas aux réunions d'hommes et vivaient dans les quartiers de Harems, tenaient une place non négligeable dans le palais. Souvent elles s'immiscaient avec succès dans la vie politique. La mère d'Al-Rachid, une ancienne esclave yéménite,al-Khayzaran (الخيزران ) sut ainsi accéder son fils au trône, en ne reculant devant un assassinât. Elle s'occupe ensuite activement des affaires de l,Empire jusqu'à sa mort. L'épouse d'Al-Rachid Zoubayda ( زبيدة ) arabe de naissance , sut intervenir en faveur du règlement anticipé de la succession califienne en défendant les intérêt de son propre filsAl-Amin , contre ceux du " fils de la persanne" Al-Ma'mun. de plus la belle Zubeyda n'aimait que la vaisselle en or et en argent , les objets précieux sertis de diamant et de pierres enchâssées Elle ne chaussait que des sandales ornés de pierreries (11).

1- Abul-Fida- "Al-Mukhtasar fi akhbar al-Bachar" - المختصر في أخبار البشر - imprimerie -Al-Huseinya -Le Caire 1920 .

2 - Ahmad Amin - Zohr al-Islam (ظهر الإسلام ) - Le midi de l'Islam - Édition , librairie Al-Nahda - Le Caire 1964

3 - Al-Maqrizi - Al-Khutat ( الخطط )sans date ni nom de l'éditeur

4 - Al-Maqri- Nafh al-Tib ( نفح الطيب ) Édition Sader Beyrouyth

5- Mann ancienne unité de mesure du poids. 1 mann = 260 dirhams. 1 dirham= 3,125 gr soit 1 man = 816,5gr . D'après le traité d' Al-Khazini - La balance de la sagesse ( ميزان الحكمة)

6- Récit d'Antara - manuscrit sans date.

7- Abdul-Hamid al-Hifni- Récit d,Àl-Zaher (الظاهر بيبرس ) Édition Le Caire 1936

8- Al-maqrizi - Al-Khutat (الخطط ) sans date ni nom d'auteur

9- Jacques Risler - La civilisation des Arabes - Édition petite bibliothèque Payot 1955

10- Dominique et Janine Sourdelle - La civilisation de l'Islam classique-Édition Arthaud- Paris 1968

11- Mazahiri- Ali - la vie quotidienne des musulmans au Moyen-âge.Hachette Paris 1051