un peu d’histoire

L'eau symbole de la vie, thème principal du Coran, l'aumône qui reflète le premier acte de générosité, posait de grands problèmes dans les pays arabo-musulmans.

   Outre son utilisation pour irriguer, boire et répondre aux besoins domestiques et industriels, les Arabes cherchaient l'eau pour se défendre de la chaleur. Ainsi diverses solutions, selon la configuration du terrain, ont été mises en application pour trouver l'eau, l’amasser, l'emmagasiner, la puiser, l'élever et la transporter. Ce sont ces solutions qui nous intéressent dans cette catégorie.

   Avant de rentrer dans les détails techniques de ces solutions, il est assez important de mettre en évidence l'ambiance climatique qui régnait dans les pays arabes.

   D'après Marc Bergé1: "Les Arabes sont issus d'une sorte de sous-continents, aux trois visages: à l'ouest, tout d'abord, une étroite plaine côtière, le Tihama, tournée vers la mer Rouge et adossée, par des vallées aux  pentes ardues, à une barrière montagneuse, le Hijaz, qui culmine à 2600 mètres; au sud et sud-est, le relief le plus tourmenté: c'est le Yemen(l'Arabie heureuse), avec à l'ouest de la ville de Sana', le Hadun chu'ayb dont le sommet atteint 3760 mètres. Mais ces montagnes s'arrêtent pour laisser la place, au centre, à un plateau, le Najd, vaste désert de sable. Ainsi le sud, plus élevé, reçoit parfois la neige sur ses sommets, alors que le nord se contente de l'humidité moite de la côte, et que l'aridité et les tempêtes de vent et de sable sont l'apanage du Najd. Mais, pour l'Arabie entière, c'est la sécheresse qui prédomine avec le problème obsédant de l'eau que le spectacle des vallées desséchées vient constamment rappeler". 

   Traitant le problème de la production agricole et de l'irrigation, Les Sourdels2 résument:"Certes, les cultures sèches existaient jadis comme aujourd'hui dans certaines régions relativement arrosées et constituaient par exemple, en Syrie comme au Magreb, un élément fondamental de la production agricole, celui qui fournissait les indispensables bases nutritives constituées par le blé et l'orge. Mais ces cultures n'avaient pu se développer qu'autour de noyaux sédentaires, nécessitant eux-mêmes une alimentation en eau qui ne fût pas tributaire des seules pluies printanières. On se trouvait donc immanquablement obligé de recourir à des techniques dont les deux aspects essentiels consistaient à emmagasiner l'eau et surtout à aller le chercher partout où il se trouvait."

   D'autres historiens et techniciens spécialisés, traitant le problème de l'agriculture et de l'irrigation dans le monde arabo-musulman, arrivent à la conclusions suivante:" le soucis primordial des gouverneurs arabes était l'apport de l'eau et sa distribution"

   Il est vrai, que les frontières de l'Arabie changèrent à travers les siècles, surtout après l'apparition de l’Islam, que  les pays occupés par les conquérants musulmans ne se basaient plus sur les puits comme la seule source d'eau, et que les fleuves naturelles fournissaient la quantité d'eau suffisante, mais le problème reste le même : l'irrigation et les cultures pastorales jouent encore le rôle principal, sinon prédominant, comparé à la récolte sous la pluie.

   Ainsi, le problème qui s'est dorénavant posé consistait à trouver des moyens efficaces pour capter l'eau des différentes sources naturelles ou artificielles .

Tout au début, dans le désert, le problème s'est résolu de lui-même quand l'eau fut puisée pour subvenir aux besoins vital: boire et manger. Cependant avec une population de plus en plus sédentaire, les demandes plus accrues d'eau ont  rendu les puits insuffisants d'où l'idée d'emmagasiner l'eau dans des citernes ou de grands réservoirs qui furent alimentés par de longs aqueducs à ciel ouvert ou par de long conduits souterrains. À ces citernes se rattachaient aussi des réservoirs couverts qui renfermaient les réserves d'eau des villes et citadelles ou qui jalonnaient les routes du désert les plus fréquentés à l'instar de ceux qui furent réalisés par exemple en pleine époque abbasside le  long de le route de pèlerinage menant de Bagdad à la Mecque.

   Outre les citernes et les réservoirs, les Arabes on construit pour la collecte de l'eau, des barrages et des canaux parmi lesquels nous signalons le barrage de Ma'rib. 

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1 - Marc Bergé - Les Arabes - histoire et civilisation des Arabes et du monde musulman des origines à la chute de Grenade" Paris 1998.

2 - Dominique et Janine Sourdel - la civilisation de l'Islam classique - Paris

3 - Mazahiri Ali - La vie quotidien des musulmans au Moyen Âge