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Le théâtre de Héron

De nombreux textes grecs existent dans les bibliothèques d’Europe traitant ce sujet. La meilleur traduction, avec des figures habilement dessinées fut faite à la fin du XVIe siècle par l’abbé Baldi philologue italien.1

 Le premier livre des automates de héron traite des personnages à siège mobile : les figurines fonctionne sur une sorte de « caisson» roulant qui renfermait le mécanisme nécessaire à leur jeu et au mouvement du caisson lui-même.

le second livre étudie les automates à siège fixe, c’est-à-dire dont le caisson, renfermant le mécanisme immobile, formait une espèce de scène ; on avait un théâtre en miniature, sur lequel se jouait de véritables pièces en plusieurs actes . Un des plus intéressants de ce théâtre fixe fut la mise en scène de la légende de Nauplius, distribué de la manière suivante :.

1-. A l’ouverture du début, le théâtre représentait douze personnages, rangés en trois groupes. Ils figuraient autant de Grecs, travaillant à construire des navires, près du rivage où ils devaient prendre la mer. Ces personnages se mouvaient, les uns sciant, les autres fendant du bois, ceux-ci jouant du marteau, ceux-là de la mèche rotative et d’autres du trépan. Ils faisaient grand bruit, à l’instar d’ouvriers véritables.

2- . Au bout d’un certain temps, la scène se fermait puis se rouvrait sur un nouveau point de vue. On y assistait à la mise à flot des navires par les Grecs. Second entracte suivi d’un nouveau décor, qui ne montrait plus que le ciel et l’eau. Bientôt commençait le défilé des navires en ordonnance de flotte. Les uns s’éclipsaient, d’autres revenaient plusieurs fois. Sur les côtés s’ébattaient des dauphins, les uns plongeant sous l’eau, les autres émergeant, comme de véritables poissons. Peu après, la mer se montrait houleuse, et les navires couraient en file serrée. La scène se fermait et s’ouvrait encore une fois: pas une voile à l’horizon, mais le personnage de Nauplius brandissant sa torche, et, debout près de lui, Minerve. Une flamme éclairait le sommet de la scène, visiblement alimentée par la torche. La scène se fermait, puis s’ouvrait de nouveau : naufrage de la flotte et apparition d’Ajax à la nage.

Par le jeu d’un mécanisme logé dans le comble du théâtre, un bruit de tonnerre éclatait sur la scène, et la foudre atteignait Ajax, dont le personnage disparaissait soudain. La clôture de la scène mettait fin au spectacle.

Comment Héron actionne-t-il ses automates?

Héron construisit ses théâtres très simplement, avec des matériaux peu coûteux et d’un maniement facile. Les force motrices étaient quelquefois produites par plusieurs poids de sable, mais le plus souvent elles consistaient en blocs de plomb ou d’autres métaux pesants. Généralement, chaque sujet comportait son propre moteur. Les organes de transmission étaient de simples cordes enroulées autour de poulies ou d’arbres suivant des combinaisons aussi ingénieuses que savantes. Les autres pièces consistaient en roues, leviers et chevilles.

Nous admettons la description de Héron pour :

- le mécanisme des bras de l’un de ses automates le charpentier fendant du bois

«  je façonne une réglette, je la perce et j’encastre solidement dans ce trou la queue de la cheville provenant du bras, je colle ensemble les deux pièces , afin que les oscillations de la réglette fassent également pivoter le bras autour de son épaule. (cette réglette est appelée battant).

Pour activer le battement automatique du bras, j’installe auprès de la réglette une petite roue à crochets pivotant autour d’une broche solidement encastrée vers le bas . À ce pignon j’accroche une poulie H, faisant corps avec lui et enroulées plusieurs fois d’un cordons de renvoi au contrepoids(moteur) afin que celui-ci tirant la corde fasse bientôt tourner le pignon, dont les dents frapperont à coups très rapprochés, le talon du battant. L’autre bout du cordon, muni d’une boucle, s’accroche en H à un bouton en saillie sur la poulie, et qui pourra indiquer (par la chute de la boucle ) que le bras a cessé son mouvement.»

 Par contre nous essayons de simplifier un autre mécanisme 

– Le mécanisme d’ouverture et de fermeture de la porte du théâtre              

Ce double mouvement s’opère au moyen d’un seul poids tirant dans le même sens . Sur l’arbre horizontal, sont fixés de courtes chevilles placées à égales distance et de manière telles celles du haut alternent avec celles du bas. La corde tirée par le poids porte autant de boucles qu’il y a de chevilles sur l’arbre. Elle épouse celle-ci d’un seul côté : la première boucle sur la première cheville du haut, la deuxième boucle sur la première cheville de bas , la troisième boucle sur le deuxième cheville de haut et ainsi de suite ; chaque fraction de boucle correspond à une fermeture ou une ouverture de la porte . Ainsi quand l’arbre est libéré, la corde tirée par le poids lui imprime un premier mouvement du haut en bas; par ce mouvement la cheville inférieure suivante s’élève entraînant avec elle la boucle qui l’entoure; à cette nouvelle libération de l’arbre correspond un mouvement analogue qui se produit en sens inverse puisque la corde opère sa traction du côté opposé. L’arbre horizontal est relié aux vantaux de la porte de telle sorte que chacun de ses demi-tours imprime également un demi-tour à chaque arbre vertical.

La légende de Nauplius était représentée en cinq actes et nécessitait par conséquent dix mouvements semblables, mouvement que l’on pouvait répéter d’ailleurs autant de fois que le permettaient la longueur de l’arbre et la profondeur du caisson dans lequel descendait le poids.

 1- Chapuis A et Gélis E - Le monde des automates - Paris Imp Blondel le Bourgery 1928