Histoire et origine de l'orgue

L'histoire de l'orgue se perd dans la nuit des siècle, du moins si l'on veut remonter son existence réelle à la première application du principe d'un courant d'air venant engendrer des vibrations en se brisant sur le tranchant d'un biseau.

1 - Origine de l'orgue

C'est chez les Grecs que l'orgue semble avoir pris naissance, mais où et comment? Beau sujet d'interrogation auquel il est difficile de répondre

Selon l'opinion la plus répandue, le syrinx ou flûte de Pan serait l'ancêtre de l'orgue. Il suffisait de le retourner et d'introduire l'air dans les tuyaux d'une autre manière que par les lèvres ou les poumons. cette idée dut venir à un esprit ingénieux, tel qu'il en existait souvent chez les Grecs, mais il en fut que cette invention comme pour toutes les autres; on s'y arrivera par tâtonnements, après des essais plus ou moins nombreux, plus ou moins fructueux. On attribue le succès à Ctésibius, qui s'avisa de recourir à l'eau pour faire entrer l'air dans les tuyaux. Ce procédé fut adopté par les Grecs d'une manière pour ainsi dire exclusive, en sorte que l'instrument prit le nom d'hydraule, et l'orgue reçut le vocabulaire d'hydraulique1.

Après Ctésibius plusieurs techniciens aussi célèbres s'intéressait à cet instrument parmi lesquels on peut citer : Philon de Byzance , Héron d'Alexandrie , Appollonius de Perge et  Vitruve.

 

2 - L'orgue hydraulique2    

 Qu'était au juste l'orgue hydraulique? Cette question a fait le désespoir de nombreuses générations de chercheurs. Déjà du temps d'Athénée3, on se demandait si l'orgue hydraulique était un instrument à vent ou un instrument à corde ou même un instrument de percussion. Et le plus curieux, c'est que les gens d'Athénée met en scène à propos de l'orgue hydraulique, discutent précisément cette question au son de l'instrument; ils devaient avoir l'oreille bien peu musicale bien que l'on se soit adressé à l'un d'eux en ces termes "à toi qui est le plus musiciens des hommes"

Ce qui irriguait surtout les curieux, c'était le rôle que jouait l'eau dans l'instrument. Était-ce elle qui produisait un son, servait-elle à amortir le choc des leviers, devait-elle être froide ou chaude? Toutes les explications possibles, sauf la bonne,  ont été proposées jusqu'à  la fin du Moyen Âge .

Au Moyen Âge, certain moine s'avisa de construire un orgue hydraulique dont on se servait, en déversant des casseroles d'eau bouillante dans les flûtes pour qu'il soit effectivement hydraulique. Cette idée sur l'orgue hydraulique à eau chaude eut cours, fait étrange, jusqu'au milieu du XIXe siècle 4

Encore en 1872 , Fétis se débat avec le texte de Vitruve qui décrit l'orgue hydraulique . Il comprend bien ou croit comprendre , quelque chose au mécanisme, mais il "cherche en vain à découvrir quelle est la fonction utile de l'eau" et se demande pourquoi on a bien pu donner le nom d'orgue hydraulique à un instrument où l'on met de  l'eau qui ne sert à rien?

 Ce n'est qu'en 1887 que le père, Clément Loret, organiste étudiant minutieusement le texte de Vitruve et dessinant les détails de l'instrument au fur et à mesure qu'il en traduisait la description, réussit à résoudre le difficile problème et formula le principe de l'orgue hydraulique : "la pression de l'eau remplaçait la charge  des réservoirs de nos orgue moderne"5 Depuis cette explication a été admise par tout le monde, en dernier lieu par W.Schmide et H Degering, et la question du rôle que jouait l'eau dans l'orgue hydraulique est une question qui ne se pose plus.

    

 

   Fig - 1 -                              Fig - 2 -                                     Fig - 3 -

 

Un modèle en terre cuite, que possède le musée de Carthage et qui, d'après les experts, remonte au 1er  ou au 2e  siècle de notre ère, fixe les idées .

C'est une statuette qui représente un organiste debout sur une sorte de petite estrade; le buste y manque, mais sur le clavier qui se trouve devant lui, on voit un trou indiquant  la place où sa main était posée (fig 1 et 2 )

Au dessus du clavier se trouvent les tuyaux, qui sont au nombre de dix-huit. Il semble y avoir plusieurs rangées de tuyaux. Dans le même instrument, vu de derrière, le nombre est dix-neuf, ce que prouverait que l'artiste qui a exécuté cette statuette n'a pas copié exactement le modèle. De chaque côté au-dessous du clavier se trouve un barillet, touchant à la base de l'instrument, qqui est le récipient d'eau , avec lequel ils communiquent. Les deux barillets sont le corps de la pompe.

L'instrument vu de derrière, représente bien le coffre ou récipient d'eau; au-dessus , on voit  le corps de l'instrument qui se compose de la chambre à air et des tuyaux, lesquels sont maintenus par une tringle horizontale. Au-dessous de ces tuyaux , de chaque côté du coffre, se trouvent des trous par lesquels devaient passer ,sans doute, les leviers actionnant les fonds mobiles des barillets ou pistons. Cette partie manque.

Un autre modèle (fig-3-) tiré du même ouvrage est constitué par une mosaïque, trouvée en 1852 dans les ruines d'une villa romaine construite, dit0on, sous le règne d'Hadrien, située sur les bord de la Moselle, dans un village nommé Nenning, près de Trèves, représente dans un médaillon un orgue hydraulique d'une forme très gracieuse. Il est vu de derrière et on voit passer au-dessus des tuyaux , le buste de l'organiste; à côté de lui un musicien qui tient un instrument de cuivre avec lequel il fait de la musique d'ensemble. On voit le coffre auquel on a donné le forme d'un petit  autel, et de chaque côté, les corps de pompe. Les souffleries n'y sont pas représentés.

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1 - L'orgue - Charle Mutin . Etude faite dans Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire (technique de la musique) page 1050

2 - Victor Lauret "L'orgue hydraulique " . Étude faite dans -Encyclopédie de la musique et dictionnaire du conservatoire .-page 30-40

3 - Athénée, écrivain grec d'Egypte (IIIe siècle ap.J.C.) auteur du Banquet des sophistes, recueuil de toutes les curiosités relevées aux cours de ses lectures

4 - Clément Loret " Recherche sur l'orgue hydraulique dans «La revue archéologique » Paris 3e série , tome 15 page 76.

5 - Clément Loret . Cours d'orgue. Paris t III 1878

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