Le premier instrument de musique mécanique dans le monde arabe

La musique mécanique plante ses racines dans un manuscrit arabe datant du IXe siècle de notre ère. Ce manuscrit attribué au Banû Mûssa ben Chakir est intitulé: "Al-Alat allati tuzamiru binafsiha" (L'instrument qui donne un son de lui-même ).

I - Description de l'instrument

Dans son ensemble, l'instrument se compose de quatre parties, bien distinctes, dont chacune comporte plusieurs éléments.

1-       Le corps principal de l'instrument ou la pompe d'air

   Il est formé essentiellement d'une grande cuve parallélépipédique, divisé verticalement en deux compartiments identiques (C) et (C').

    

               

                          Fug - 1 -                                                                           Fig - 2 -

   Chaque compartiment comporte les éléments suivants:

A – Un levier composé d'une barre rigide mobile autour d'un axe horizontal (X) fixé aux parois du compartiment. Un récipient (V) et un contrepoids (W), fixés respectivement aux deux bouts de la barre, accordent l'équilibre du levier si le récipient (V) est vide. Au fond de ce dernier on a pratiqué un petit trou pour le vider (Fig-1)-

B – Une soupape (S) reliée au récipient (V) par une chaîne, est fixée au fond du compartiment. C'est par l'intermédiaire de cette chaîne que la soupe s'ouvre pour se refermer sous l'action de son poids ( vue en perspective Fig.2

C- Un tuyau d'échappement (MN) soudé en (M) à la surface supérieure du compartiment (C) de la pompe, conduit l'air au ballon de compression. L'extrémité (N) porte un clapet (non représenté) qui s'ouvre sous l'action de la pression de l'air et se referme sous l'action de son poids. Un petit tuyau (mn) (voir fig 4) dont l'extrémité (n) est bien soudée à la surface supérieur du compartiment pénètre à l'intérieur de ce dernier. Son rôle est de ramener l'air au compartiment au moment de son vidage.                                                                                                                                                                                                                                           Fig - 3 -

2- Le distributeur d'eau,

Il est formé d'un bassin parallélépipédique (B), toujours plein d'eau, qui se monte directement sur le corps principale de l'instrument c'est-à-dire sur la grande cuve à deux compartiments (C) et (C'). Deux tuyaux, munis chacun d'un robinet régulateur du débit d'eau (I), traversent le fond du bassin(B) et montent jusqu'au deux tiers de sa hauteur pour se recourber jusqu'au tiers. L'extrémité recourbée porte une petite soupape (J) munie d'une petite tige. La seconde extrémité de chaque tuyau, traverse la surface supérieure du compartiment correspondant. À cette extrémité on a accordé le godet (g) qui doit rentrer dans le récipient (V). Ce godet est muni d'un petit clou fixé dans son fond et qui rentre directement dans le trou du récipient pour le débarrasser des résidus calcaires précipités par l'eau  (Fig.- 4 )

Un axe vertical (K), dont l'une des deux extrémités est mobile dans un trou pratiqué au milieu d'une traverse horizontale (fg) montée au-dessus du bassin (B). Tandis que l'autre traverse verticalement la surface supérieure du bassin (B) pour se poser dans un trou pratiqué dans une petite plaque de bois fixé au fond de (B). Cet axe porte un demi-anneau (pq) qui plonge dans l'eau et qui doit tourner dans un plan horizontal au-dessous des deux soupapes (J) et (J`) (Fig. - 5). Ce même axe porte aussi, dans un plan horizontal au- dessus du bassin un disque denté (d) qui forme avec un pignon (Z) un système d'engrenage droit. L'axe horizontal du pignon (Z) porte une roue hydraulique (D) (roue à aubes) actionnée par l'eau du robinet (A) qui est alimenté par le grand réservoir d'eau (R)   (Fig.- 4).

            

         Fig - 4 -                                                        Fig - 5 -

                                                                                                                           

  3 -       Le ballon compresseur d'air

Les deux tuyaux (MN) et (M'N') se recourbent horizontalement à l'intérieur d'une grande sphère (S) ou ballon de compression. Aux deux bouts opposés de ces deux tuyaux se trouve un clapet (non représenté), qui en l'absence de la pression de l'air se referme sous l'action de son propre poids. Cette sphère qui reçoit continuellement de l'air par l'un ou l'autre des deux tuyaux recourbés, est munie d'un coude (E) solidaire à un tube (T) où de nouveau l'air est comprimé puis refoulé à la flûte d'où il sort par ses trous selon la programmation d’un air musical (Fig. -3) .

4 -   La flûte siffleuse et son cylindre compositeur des mélodies

Un tuyau sonore, percé de neuf trous et muni d'un sifflet, forme la flûte (F). Huit tiges rigides (L) mobiles autour d'un axe horizontal parallèle à l'axe du tuyau, ouvrent et ferment les trous de la flûte, tandis que le neuvième trou reste toujours ouvert. Chaque tige porte à l'une de ses deux extrémités une rondelle associée au trou tandis que l'autre extrémité s'appuie sur la surface latérale du cylindre sur lequel ont été composées la mélodie, munie de picots.et de ponts.    

  5-   Le cylindre porteur des mélodies et son entraînement par une roue à aube.

Sur la surface latérale d'un gros cylindre (U), mobile autour d'un axe horizontal, sont fixées, suivant des lignes circulaires parallèles aux tiges de transmission, des chevilles assez épaisses dont les longueurs sont proportionnées aux notes d'une mélodie bien choisie. Ce cylindre tourne d'un mouvement circulaire uniforme grâce à un système d'engrenage droit formé de deux disques dentés (O) et (H) . Le premier (O) est mis en rotation par une chute d'eau actionnant une grande roue à aubes (D') solidaire à son axe. Le mouvement de rotation de (D') peut être accéléré en recevant un courant d'eau supplémentaire venant d'un autre robinet fixé au grand bassin d'eau qui alimente un système régulateur du débit formé par le petit récipient et son contrepoids. (Fig.-6-figure générale).

 

Remarque: La figure générale montre tous les éléments de l'instrument. Signalons que les leviers formés par les tiges qui sont actionnées par les picots du cylindre pointé sont à bras inégaux. Le bras qui porte la rondelle feutrée est plus long donc plus lourd afin qu'une fois libéré de la cheville tombe sous l'action de son poids et ferme hermétiquement l'orifice de la flûte.

 Fonctionnement de l'instrument - Banû Mûssa