Histoire de la musique arabe

Histoire de la musique arabe :

Période préislamique

L'art de la musique arabe plante ses racines dans le chant. D'après Al-Mostatraf,1 le chant était pratiqué en Arabie à l'occasion des foires. Des musiciens de divers pays venaient  se grouper à Médine, Taïf, Khaïbar, el-Yamâmah et la Mecque, pour faire entendre leurs poèmes chantés. Les plus célèbres musiciens de ce temps furent  `Adi ben Rabi`a, poète de Thaglib (495 ap.J.C) reconnu pour sa belle voix; `alqama ben al-`abed distingué comme chanteur des mu'alaqât  et al-a`cha(629 ap.JC) qui parcourait la péninsule arabique  en chantant les mu'allaqat  accompagné du rythme de ses castagnettes.

De même, les chanteuses  ont joué un rôle primordial dans le développement de l'art musical arabe. Deux artistes très  célèbres Ta`ad et Tamad reconnues sous le nom «les deux sauterelles» étaient contemporaines des fabuleux Adites; c'étaient des esclaves appartenant à No`man.

Selon al-Mostatraf , on différenciait chez les Arabes trois sortes de modes: le Nasb, chant des jeunes gens ou des voyageurs; le Sinâd, chant aux modulations graves et aux intonations fortes; et le Hizadj, chant au rythme léger qui éveillait l'amour et soulevait les passions.

Développement de la musique arabe au Moyen Âge

Au début de l'islam, les Arabes reléguèrent souvent la pratique musicale aux esclaves et captifs (les  Qiyan), ce qui favorise notamment les influences persanes.

Occupés par les guerres saintes, les califes se concentraient sur le développement de la religion musulmane mais une chose est certaine c'est que le calife Othman(644-656 ap.J.C)  fut le premier qui s'intéressait à la vie sociale . Il érigeait les châteaux à l'égard des pays byzantins, non seulement en Iraq et Syrie mais même dans les villes saintes de Hijaz. C'est ainsi que la musique a prospéré et les musiciens ont trouvé leur  place dans les palais.

Quant au calife `Ali (656-661 ap.J.C), il était un poète remarquable et ce fut le premier calife qui donna la  liberté complète pour tous les arts et encouragea poètes et musiciens à élaborer leur talent. Le premier chanteur musicien fut Tuwez (al-Tawos al -saghir - le petit paon) . Il vivait chez Arwa la mère du calife Othman. Son nom est Abou abd el-Mamun Issa ibn `Abdallah al-zaib (632-710 ap.J.C). Il répétait ses chansons avec l'accompagnement d'un instrument de percussion al-Duff.

Sous la règne  des Umayyade (661-750 ap.J.C), le royaume arabe s'est étendu, de grands édifices civils et surtout religieux furent érigés parmi lesquels la coupole du Rocher de Jérusalem et la mosquée des Omeyyades à Damas. Un grand nombre de palais magnifiquement décorés abritaient des musiciens d'origines diverses et c'est là que l'art musical arabe prenait son essor. Les plus célèbres  de ces musiciens furent yûnes al-Kâteb, Azza al-Maylâ, Ibn Misjah, Ibn Surayj, Ibn Mehrez et Ma`bad.

À l'issue d'une véritable révolution menée contre les Omeyyades, les abbassides prenaient le pouvoir et gouvernaient le monde musulman de 750 à 1258 ap.J.C. Ce fut l'âge d'or de la musique arabe à Bagdad, devenu un riche foyer culturel, et où une école  musicale fut fondée par le théoricien et le compositeur Maabed (mort en 743 ap.J.C). À partir du règne du calife Haroun al-Rachid à la fin du VIIIe siècle, deux musiciens marquèrent la théorie et les pratiques musicales, perfectionnant les systèmes tonal et modal de l'école de Bagdad: Ibrahim al-Mawsili (743-806) et Ya`qûb al-Kindi(796-874). L'illustre savant  Ishaq al-Muwsili (767-850) avait succédé à son père en tant que musicien du roi. Grand défenseur de la tradition, il lutte contre les modernistes. Encouragé par le prince Ibrahîm Ibn al- Mahdi il codifie le système musical traditionnel.

Nous pouvons encore signaler les noms des grands participants à l'art musical arabe : les Banu  Mussa ben Chaker dont on leur doit l'invention de la musique mécanique, Al -Farabi le grand philosophe dont son volumineux traité « Kitab al - Musiqa al-Kabir» est considéré comme la seule encyclopédie de musique au monde arabe qui traite de la théorie et de la pratique  de cet art. Ajoutons encore le nom de l'éminent philosophe et médecin ibn Sina (Avicenne) qui a consacré une partie assez importante de son traité «Al-Najat» pour la musique.

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 1- Al-Mostatraf - Recueil de morceaux choisis ça et là dans toutes les branches de connaissances - Shaïk Shihâb Ad-Din Ahmad al-Abshihi (mort en 850 de l'hégire)