Petite histoire de la serrurerie
En 2006 , et précisément du 12 septembre au 8 octobre , une exposition unique et originale, a eu lieu au centre culturel "Athinaïss" à Athènes en Grèce. Cette exposition raconte l'histoire du développement des clés et des serrures dans les pays européens et islamiques. Des clés antiques par centaines, provenant des quatre coins du monde furent exposées. On trouvait des anciennes clés des pays arabes, européens et asiatiques . Il y en avait aussi des clés des anciens pays romains.
Dans une rencontre faite par "Jazira.net" avec la directrice de l'exposition Madame Athina Thikhina professeure d'art à l'université d'Athène, elle a affirmé que le but de l'exposition est, d'une part, jeter un coup d'oeil sur le développement des techniques du métier de la serrurerie, d'autre part, mettre en relief l'action et la réaction des anciennes civilisations .
À titre d'exemple, elle signale, qu'entre les deux civilisations arabe et grecque, il y avait une si forte relation qui est marqué par les traits des objets tirés des fouilles dans les pays correspondants. Plus particulièrement, il existe une remarquable correspondance entre les anciennes clés appartenant aux deux civilisations.
Madame Thikhina signale qu'en Grèce, les anciennes clés étaient formés d'un long bras terminé par la figurine d'une personne. D'autres prenaient la forme des objets artistiques ou des instruments de musique. Quant au poids des clés, on y trouve des clés assez lourd allant même jusqu'à 5 kg qui appartenaient aux monastères de Byzance.
Dans cette exposition, nous trouvons aussi des clés de très petites dimensions , réservées aux sacs des femmes ou aux jouets des enfants. Des clés datant du XVIIe siècle, appartenant au prison d'Alexandrie y prenaient place. D'autres clés trouvés à l'Île de Grèce étaient exposés.
L'exposition groupait encore des serrures aussi important que les clés. Ces serrures prennent des formes très originaux ressemblant à des animaux divers parmi lesquelles des mollusques maritimes.
Cette exposition nous a révélé l'idée de faire des recherches sur l'origine de la serrurerie.
À l'origine, le verrou fit son apparition avant la clé. Pour assurer sa tranquillité et protéger ses biens, l'homme primitif place dans deux encoches pratiquées dans les battants d'une porte une espèce de barre de bois. Ce fut le premier verrou.
Afin d'assurer le fonctionnement de ce verrou élémentaire, il inventa la cheville mobile de bois qui en retombant sous l'action de son propre poids, assure la condamnation du mécanisme. Cette cheville pouvait être actionnée par la dent d'une broche, elle-même capable de mouvoir la barre. Si l'outil à une dent, peut soulever une cheville, un outil à plusieurs dents en soulèvera plusieurs. Ainsi, ce fut la découverte de la clé.
En fait, on ignore la date et le lieu de naissance de la clé, mais toutes les serrures antiques, ne sont que des variantes issues d'une forme unique, celle de la clé égyptienne. Cette dernière de bois ou de bronze en forme de "L". Deux dents cylindriques dirigées vers le haut, convenablement écartées afin d'adapter aux chevilles, correspondent à l'épaisseur de la pêne.
Les Hébreux améliorent ce type de clé en dotant le système de plusieurs chevilles de hauteur différent et de saillies qui multiplièrent les possibilités de sûreté.
On retrouve cette clé hébraïque sur les bas-reliefs du temple d'Amon, à Karnak, quatre mille ans avant notre ère.
Une serrure en bois, appartenant à la fin du deuxième siècle avant notre ère, fut trouvé avec sa clé à Ninive. Cette serrure comportait un loquet qui se déplaçait horizontalement (Fig 1). Par contre on a trouvé chez les romains une serrures à plusieurs loquets avec sa clé. Cette dernière pouvait effectuer des mouvements de translation dans les deux sens (horizontal et vertical) (fig-2-)
Fig - 1 - Fig - 2 - Fig - 3 -
Le métier de serrurier s'est rapidement développé et la sécurité aménagée par les serrures devient de plus en plus remarquable. La figure 4 montre les éléments d'une serrure du milieu du 11e siècle de notre ère.
Vers le milieu du 12e siècle apparaît la clé dont l'extrémité prend la forme d'un chiffre (fig 5) et un peu plus tard c'est la serrure alphabétique qui se présente mettant à l'écart la clé. Dans ce genre de serrure, cette dernière est manœuvrée par une combinaison de lettres de l'alphabet inscrites sur des disques rotatifs (fig 6).
Fig - 4 - Fig - 5 -
. Fig - 6 -
Pour ce genre de serrure nous avons cherché , en vain, une description dans un manuscrit arabe. Un seul traité arabe nous révèle ce secret. C'est le volumineux traité d'Al-Jazari déjà signalé, à plusieurs reprises que nous trouvons la description d'une serrure à combinaison.
Une autre serrure du même genre formé d'une boite en bois avec serrure à combinaison
signé Muhammad ibn Hâmid al asturlabi (Iran 1200 - 1201) appartient à la collection de David à Copenhagen (The David collection 1/1984 )
Ce fragment de boîte en bronze porte sur son couvercle quatre serrures circulaires à combinaison. Composées de seize lettres chacune. Les combinaison utilise le système de l'abjad où chaque lettre correspond à une valeur numérique. Deux disques rainurés sur chaque serrure doivent être actionnés pour donner la combinaison.
Au revers, un système de moyeu retient ces disques rainurés et permet, avec une tige dentée, de fermer le coffert. Lorsque les rainures étaient alignées sur la combinaison exacte, le loquet de la charnière intérieure se désengageait et une partie sur le devant de la boîte glissait pour libérer le couvercle. Si cette combinaison était inexacte, les plaques restaient scellés. Une fois ouverte, la combinaison pouvait être changée
Source: L'âge d'or des sciences arabes-Acte Sud - Institut du monde arabe
voir Serrures d'Al-Jazari