Al-Muradi

Ibn Khalaf al-Muradi, un nom qui fut difficilement identifié par les biographes. Mais toutes les discussions faites à ce sujet affirment qu'Al-Muradi a vécu au XIe siècle . Un seul traité intitulé "Kitab al-Asrar fi Nata'ij al-afkar" (Le livre des secrets dans les résultats des pensées) nous est connu. Ce traité est mentionné dans le catalogue des manuscrits "Anonym tractarus de méchanisis" (M.S OZ 152 Florence). Ce manuscrit groupe deux traités dont chacun possède une pagination qui lui est propre. Le premier comporte 105 folios dont nous distinguons plusieurs titres parmi lesquels le livre des secrets. Ce titre groupe les numéros de 1b à 48b. À la page 1b apparaît le titre de l’œuvre et le nom de l'auteur "Ibn Khalaf al-Muradi". À la dernière page et juste à la fin nous lisons la phrase suivante: Le manuscrit du Kitab al-asrar est terminé le 21 cha'ban 664 de l'hégire.

Description et contenu du traité

Ce traité renferme la description de 31 appareils dont les cinq premiers représentent des petits théâtres à automate au fond desquels se cache une histoire.

Du numéro Nº 6 au Nº 29 et du N° 27 au N° 30 nous trouvons la description de dix huit horloges , parmi lesquelles des  clepsydres et des horloges mécaniques, qui marquent le temps écoulé par le déplacement d'un automate ou l'illumination d'une lanterne.

Les numéro 21, 22,23 et 24 représentent des machines de guerre. Enfin le numéro 31 traite de horloges solaires comme les  gnomons ou autres. 

Le traité se caractérise par une écriture magrébine bien lisible. les points diacritique sont fournis, la grammaire est facile à comprendre, le vocabulaire est familier bien qu'il présente parfois des difficultés. Mais malheureusement, chaque pages est oblitérée; certaines sont affectées par l'humidité, d'autres sont rongées par la moisissure, de sorte que la majorité des lignes ne peuvent être lu en entier.

 Dans l'introduction de son traité et juste à la première page nous lisons:

Au nom de Dieu clément et miséricordieux

(...) livre des secrets

(...) les pensées

Ibn Khalaf al_Muradi à certain de ses frères et ses amis

(...) mon frère, que le Bon Dieu vous conduit vers tout ce qu'il aime et avoue

(...) lorsque j'ai remarqué que la science de l'ingénierie fut entérrée et sa trace fut changée

j'ai eu l'idée de décrire ces appareils sophistiqués ...

pour les faire sortir du néant à la réalité et de la paresse à la vérité

(...) j'ai organisé ses descriptions et ses formes afin qu'un artisan de talent puisse les construire...."

Cette introduction suscite la curiosité du lecteur et l'encourage à dévoiler les secrets de ces machines et les merveilles de leur fonctionnement. Mais malheureusement au fur et à mesure que nous pénétrons plus profondément dans le texte, des difficultés se présentent et s'opposent à la reproduction des appareils présentés.

Une première difficulté réside dans le fait que les phrases décrivant un même mécanisme n’apparaissent  que dans les parties oblitérées du texte. Certains de ces mécanismes  sont décrits une seule fois et l'auteur nous ramène, au besoin, à cette description. C'est une description très brève par rapport à la complexité du fonctionnement de la machine décrite. 

Une seconde difficulté se présente dans les illustrations qui accompagnent  la description. Elles ne sont pas bien   présentées. Chacune renferme des éléments très divers, à savoir: des roue simples, des roues dentées, des pignons, des poulies, des cordes , des systèmes d'engrenages ...etc.  L'ensemble est représenté dans un même plan, les roues sont disposées l'une au-dessus de l'autre sans prendre en considération le plan de rotation. Chaque roue est représentée par un cercle  et les poulies par un petit rond. Quant aux cordes, elles sont représentées par des lignes qui s'enchevêtrent le long de la page. Sur leurs parcours, elles rencontrent des petites formes ressemblant à des cylindres sur lesquels elles s'enroulent. De plus les lettres, identifiant chaque élément, sont effacées ce qui rend les illustrations plus obscures.

D'un bout à l'autre du texte , les détails de  construction sont presque oubliés. Al-Muradi se contente de quelques phrases très vagues. à titre d'exemple al-Muradi  dit:" nous plaçons la roue (KL) sur l'axe (TY), les extrémités de l'axe passe par les points (ew)". Dans ce cas il est clair que la direction de l'axe n'est pas précisée, et  le plan de rotation des roues n'est pas défini.

Quant à la nature des matériaux, elle est occasionnellement signalée comme le bois  et le fer , sans toutefois y donner des instructions pour les couper ou les joindre .

 

Radwan al-Saati