Technologie arabe
L'histoire des sciences dans le monde arabe, a intéressée un grand nombre d'orientaliste: historiens, philosophes, juristes théologiens, qui par leurs études et leurs traductions ont participé à l'élucidation de la culture arabo-musulmane et, par conséquent, jeté la lumière sur la science arabe fruit de cette culture.
Par contre, les historiens des techniques ont négligé complètement le rôle des Arabes dans ce domaine. La majorité des ouvrages qui en traitent ne font aucune allusion aux progrès de la technique dans le monde arabe, ou bien ils se contentent parfois de signaler le rôle des Arabes comme transmetteurs des techniques anciennes.
Ainsi, dans l'ouvrage de Singer "A History of Technology"1 la technique arabe est passée sous silence à part les quelques lignes qui s'infiltrent dans la conclusion du volume consacré au Moyen-Âge.
Lyn White Jr , un des plus célèbres historiens de la technologie, rédacteur du chapitre relatif à la technologie du Moyen-Âge dans l'ouvrage de Kranzberg "Technologie in Western civilization"2 , se contredit dans deux idées principales: D'une part, il affirme que les musulmans ont contribué au développement de la technique du Moyen-Âge et qu'ils aient emprunté les techniques importantes des autres civilisations . D'autre part, il signale que les deux civilisations byzantine et musulmane, nous ont offert des cultures compliquées et solides, mais qui sont consacrées aux arts, à la littérature, la religion, la philosophie et la science. Quant à la technologie, elle a très peu intéressé ces cultures.
De même, dans l'ouvrage de Maurice Daumas "Histoire générales des techniques"3 , Gaston Weit, après avoir étendu ses idées sur le développement des techniques au Moyen-Âge, rédige la conclusion suivante: "la civilisation musulmane ne s'est pas intéressée à la technologie, son rôle s'est limité à la transmission intégrale des connaissances technologiques des anciennes civilisations."
Pour Bertrand Gill et précisément dans son ouvrage "Histoire des Techniques4 , l'idée prédominante réside dans le fait que les Arabes n'ont pas innové dans le domaine technique , mais perfectionné sensiblement les techniques qu'ils avaient héritées. Il conclut par cette phrase:"En définitive, il ne paraît pas que les Arabes aient été de grands novateurs.
Un peu moins catégorique que Gill, Usher dans son ouvrage "A History of Mechanical invention"5 signale très brièvement la participation des Arabes au développement des techniques. Dans le chapitre VIII consacré aux horloges hydraulique et mécanique , une phrase nous révèle cette participation:"Nos principales ressources sur les horloges à eau , sont des traités arabes datant du XIIIe siècle". Un peu plus loin il cite les noms d'Al-Jazari, et de Radwan al-Sa'ati. parmi les techniciens experts dans ce domaine.
Ces opinions très sévères et parfois contradictoires ne sont pas partagées par les historiens qui ont étudié beaucoup plus profondément les traités arabes et ont pu par conséquent, donner à la technique arabe la place qu'elle mérite dans l'histoire générale des techniques.
1- Singer Charles- "A History of Technologie" Oxford 1954-58 volume IV
2 - Melvin Kranzberg and Caroll Persell "Technology in Wester civilization" Oxford Uviversity Press N.Y. 1967 tome I et II
3 - Maurice Daumas Histoire générale des techniques Paris 1962-1965 Tome I
4 - Bertrand Gill - "Histoire des Techniques " Encyclopédie de La Pléiade . Edition Gallimard 1978
5- Usher Abott Paysan. "A History of Mechanical Invention" Harvard University Press 1962