Description de quelques appareils tirés du traité de Taqi-al-Din " Les méthodes sublimes des machines spirituelles"

Pour décrire ses appareils Taqi al-Din a adopté un plan identique à celui d'Al-Jazari. Après avoir préciser le but de la construction, il passe à la description de chaque élément et termine par le mode de fonctionnement.  Dans son traité et précisément dans  le chapitre cinq consacré aux moyens ingénieux, on retrouve la description de quelques appareils décrits par Al-jazari . Vu que les illustrations manquent chez taqi al-Din  nous avons emprunté à Al-Jazari quelques unes .

Premier modèle du chapitre cinq du traité

 - Le serviteur

Afin de mettre de mettre en relief l'esprit de description de Taqi al-Din , nous traduisons littéralement son texte.

Description

Tqai al-Din dit: " C'est la statuette d'un serviteur qui se tient debout sur un support , portant à sa main gauche  un poisson et à la droite une coupe de boisson. Une fois posé au centre de  la table et après une courte durée , le poisson s'incline, déverse de sa bouche et, directement dans la coupe, une boisson. le déversement continue jusqu'à ce que la coupe se rempli. Une fois pleine la main de la figurine s'incline pour présenter la coupe. Si l'on retire cette dernière, la main se redresse et reprend sa position initiale. Dès qu'on remet la coupe à sa place le serviteur répète l'opération précédente qui se renouvelle un certain nombre de fois  jusqu'à ce que le récipient, caché dans le corps de la statue se vide.

La méthode de construction consiste à fabriquer la figurine d'un serviteur en cuivre dont la tête et le cou sont creux. On intègre dans sa poitrine le plateaux à bascule déjà décrit. Dans son poignet gauche on fixe un corps métallique en forme de poisson. Ce dernier   divisé en deux parties égales par un cloison, est mobile autour d'un axe passant par le poignet de la figurine. une fois plein, le poisson s'incline, vide son contenu et se redresse car sa queue est plus lourde que sa tête. Au dos du poisson juste derrière sa nageoire dorsale, on perfore un trou invisible à toute personne qui se tient debout devant la statue. Au-dessous du plateau à bascule on fixe un petit vase qui doit recevoir l'eau déversée et de là cette eau est conduite au poisson à travers un petit tuyau qui relie le vase au trou dorsal du poisson."

Mode de fonctionnement

Taqi-al-Din continu: " Il est clair que si l'on remplit la tête de la figurine de l'eau ou de n'importe quel autre boisson, ce dernier s'égoutte par le trou ménagé au cou de la figurine, Le plateau, une fois plein , bascule pour vider son contenu dans le vase et de là dans le corps du poisson. Ce dernier s'incline sous l'action du poids du boisson qui se déverse dans la coupe . une fois vide le poisson  redresse sa tête et l'opération se répète un certain nombre de fois jusqu'à ce que la tête de la figurine se vide. Quant au mouvement du bras portant la coupe, il sera assuré de  la façon  suivante: l'avant bras de l'automate sera  mobile autour d'un axe qui le traverse tout près du coude; ce dernier est relié à un contrepoids de plomb par l'intermédiaire d,une corde qui s'enroule sur une poulie fixée à l'intérieur du corps de la statue.Il est à remarqué que si la coupe est vide , l'avant bras est légèrement incliné vers le haut sous l'action du contrepoids. lorsque la coupe se remplit, l'avant bras redescend et la surface libre de l'eau dans la coupe devient horizontale. Il faut aussi faire attention à ce que la capacité de la coupe soit égale exactement à celle du plateau à bascule car si celle du plateau est plus grande la coupe débordera, et si elle est plus petite la coupe ne se remplit pas."

Remarque : La description de ce serviteur se trouve également dans le traité d'Al-jazari. Comme l'illustration manque dans le traité de Taqi al-Din nous nous somme inspiré de l'illustration d'al-Jazari pour faire ce schémas.

Deuxième modèle du chapitre cinq du traité

2 - Le serviteur agenouillé

C'est la figurine d,un serviteur agenouillé dans une armoire surmontée sur une coupole . Il porte dans sa main droite Une serviette et une peigne et dans sa main gauche une gargoulette . Au-dessus de la gargouille de cette dernière se trouve une bassine. Une cane de cuivre dont le bec se prolonge jusqu'au fond de cette bassine, est fixé au bord de cette dernière.

Le matin on actionne la statue et on la présente au roi. L'eau s'écoule de la gargouille et le roi s'en sert pour faire ses ablutions. Dès qu'il termine, la cane boit tout le contenu de la bassine. Le serviteur tend sa main droite et présente au roi la serviette et le peigne.l

Description  

Une boite rectangulaire fermée et montée sur quatre roueو sert de base à l'ensemble. Cette boite renferme:

- un flotteur dont l'index vertical traverse le plafond de la boite

- Une soupape d'échappement fixée au fond de la boite

- Un tuyau qui traverse horizontalement l'une des faces latérales  de la boite et passe dans le corps de la cane perchée au bord de la bassine.

Sur cette boite sont dressées verticalement quatre colonnes surmontées d'une coupole jouant le rôle de réservoir d'eau. L'une des quatre colonnes est creuse. Son ouverture est fermée par un couvercle mobile. Ce dernier est relié à une chaîne qui traverse le plafond de la coupole. Entre les quatre colonnes , et sur la terrasse de la boite, se place le serviteur agenouillé portant à sa main gauche un peigne et une serviette, et à la droite une gargoulette. Un tuyau soudé à la colonne creuse, se recourbe, passe dans le corps de la figurine , traverse sa main droite et se termine au bec de la gargoulette. Juste au-dessous de ce bec, on place une bassine sur un planchette qui sort du plafond de la boite. Un canard en cuivre perché au bord plonge profondément son bec à l'intérieur de cette bassine. Un siphon, dont l'une des branches forme le bec du canard,  se recourbe , traverse le corps de ce dernier et aboutit au tuyau horizontal fixé à la boite. la main gauche de la statue est mobile verticalement autour d'un axe horizontal. Le coude porte un crochet relié à l'index du flotteur par un fil souple.

Mode de fonctionnement

 On remplit le réservoir d'eau et on tire la chaîne qui sort de la coupole , le couvercle de la colonne creuse s'ouvre, l'eau s'écoule dans le tuyau et s'échappe par le bec de la gargoulette. Dès que le réservoir se vide, on lâche la chaîne, le couvercle referme l'ouverture de la colonne, à l'instant même , l'eau accumulée dans la bassine atteint la courbure du siphon, ce dernier s'amorce et l'eau s'écoule dans la boîte de base. Le flotteur monte avec le niveau d'eau et le fil reliant son index au coude n'est plus tendu ainsi L'avant-bras descend sous l'action de son poids , présentant la serviette et le peigne au roi. L'opération terminée, on ouvre la soupape fixée au fond de la boite pour la vider. 

Remarque :

Cet appareil est également décrit par Al-jazari nous lui avons emprunté l'illustration vu qu'elle manque dans le texte de Taqi-al-Din 

Huitième modèle du chapitre cinq du traité

 Une nouveauté de Taqi al-Din - Le lit des amoureux

Description

Dans une boite parallélépipédique ayant la forme d'un lit, sont fixés deux axes verticaux dont l'extrémité de chacun traverse le plafond de la boite et porte un petit cylindre sur lequel se pose  une figurine ayant l'aspect d'une personne assise. L'automate (A) est représenté par le buste d'une belle fille portant à sa main droite une pomme ou une fleur. L'automate opposé est représenté par deux buste collés dos à dos dont l'un représente un beau jeune homme et l'autre un jeune homme à face laide. 

Chaque cylindre repose sur une grande poulie. Sur la gorge de ces deux poulies opposées passe un courroie en cuir ou une lanière bien tendue.

L'axe de la figurine à double face porte une autre poulie réservée au mouvement du bras de l'automate (A) .

Un petit axe, plus court que la hauteur de la boite est fixé au centre de cette dernière dont le rôle est de bloquer la rotation  des poulies des automates par l'intermédiaire d'une tige fixée à leur axe. À chaque rotation les automates doivent faire un demi - tour.

Le mouvement du bras de l'amoureuse mobile, dans un plan horizontal autour d'un axe vertical qui traverse l'avant bras et se fixe au corps de la figurine , est assuré comme suit: Un fil souple noué à une cheville fixée au coude est enroulé sur la gorge d'une petite poulie fixée à la boite. Ce fil passe sur la gorge d'une seconde poulie fixée à l'axe de la figurine à deux faces. 

Mode de fonctionnement

Il est clair que si l'on fait tourner la figurine à deux faces pour présenter  la face laide à l'amoureuse , cette dernière tourne pour présenter son dos ( c'est l'enroulement de la bande de cuir qui assure cette position). Dans le cas contraire l'amoureuse tourne sa face et tend sa main pour présenter sa pomme. le mouvement de la main est dû au fil qui tire sur la cheville fixée au coude .

Les machines utiles -Taqi-al-Din