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Développement des techniques de la mécanique appliquée

Étudier le développement des techniques de  la mécanique appliquée, c'est montrer le rôle de toutes machines simples ou complexes capable de produire ou de modifier un mouvement: actionner un automate, jouer une mélodie, puiser l'eau d'un puits, récupérer des objets perdus au fond d'un fleuve , arroser un jardin , irriguer un terrain , mesurer un temps ou même préciser une direction.

C'est également suivre le développement des éléments constituants ces machines et les procédés techniques suivis pour leur fonctionnement. Ces techniques ne se sont pas créées du néant, des conditions politiques, sociales et intellectuelles favorisèrent leur développement. Dans le monde arabe, ces conditions se sont avérées à l'apogée d'une civilisation qui s'est développée très rapidement à travers la période des grandes conquêtes qui menaient à l'élargissement du pouvoir de ce monde. D'une part , le pouvoir exigeait des mœurs et des modes de vie de plus en plus divers et raffinés ; d'autre part , face à la société qui s'organisait , les besoins politiques se multipliaient et devenaient de plus en plus exigeants . Un bref exposé de toutes ces conditions va nous permettre de suivre l'évolution de la technologie médiévale dans le monde arabe.

Dès la mort de Mahomet, les Arabes cherchaient à étendre leur pouvoir. Leur constance bédouine sublimée par l'Islam ; les lançait vers les marges du désert arabique d'abord, puis Libyque et saharienne. Il s'agit donc d'une mutation politique ; liée à une révélation religieuse qui, intervenant à l'Est comme à l'Ouest, apportait un authentique bouleversement dans les pourtours méditerranéens et dans l'Asie antérieure.

En effet, il a fallu moins d'un siècle pour que le royaume arabe s'étendait de l'Atlantique à l'Inde et de la mer d'Aral au Sahara occupant ainsi l'Afrique du Nord, la majorité de l'Asie centrale et l'Espagne . Pour la première fois ces trois ensembles sont réunis sous une même autorité , fondus en un  même domaine économique , promis à une même culture.

Cette rapide expansion fut menée par une politique extérieure ferme, solide et une politique intérieure sage , fine et éclairée.

 Politique extérieure

Dès l'année (40 H/ 661 ap. J.C) où Mua'awiya devint le chef unique de l'Islam, les conquêtes allèrent comme une foudre, l'armée évolua et une flotte fut construite en méditerranée . Pendant plus d'un demi siècle, les Omeyyades se sont acharnés à développer les techniques de guerre et l'Egypte fut le centre principale de construction navale.

En 750, les Abbasides détrônèrent les Omeyyades, et Abul 'Abbas surnommé Al-Saffah , leur premier calife , régna sur un empire qui s'étendait de l'Indous à l'Afrique.

À la mort d'Al-Saffah, en 751, Al-Mansur lui succéda. Homme très habile , cultivé, aimant les Arts et les sciences plus que les femme et le vin, il réorganisa le gouvernement, l'administration et l'armée; géra les finances avec parcimonie et créa Bagdad qui restera dans l'histoire une ville de légende.

Durant les règnes des Abbassides (750-1200) les évènements politiques exigeaient le développement des techniques de guerre, en particulier l'organisation des flottes maritimes. Ainsi vers 868 Ahmad ibn Tûlûn fortifia ses forces maririmes en renouvelant les centres de construction navale. À sa mort il laissa à son fils une flottes de mille navires1 .  

       

l'expansion des Omeyyades                                            l'expansion des Abassides

   À la même période, précisément vers 755, Abdul-Rahman l'unique vivant des Omeyyades, arriva en Espagne , se fait reconnaître comme Émir de Cordoue et fonda ainsi une dynastie dont la fortune et l'éclat ont égalé celles de ses puissants adversaires. Rapidement, il constitua une armée solide de quarante mille berbères disciplinés et entraînés. Dès lors, il assurera la tranquilité de son royaume. À sa mort son fils Abdul Rahman II suivra le même chemin, mais trop indulgent envers les rebelles, des désordres surgirent durant son règne. Son successeur Abdul-Rahman III domina les circonstances, dompta les villes rebelles, reconquit les provinces une à une et établi l'aristocratie arabe. Maître chez lui, Abdul-Rahman III attaqua ses agresseurs., repoussa les attaques de Donsanche roi de Navarre , prit et détruisit sa capitale.

En réalité , ces brillants succès ne furent pas obtenu sans peine . En dehors de sa grande équipe forte de plus de trois mille hommes, noyau et corps d'Élite d'une armées permanente, Abdul-Rahman III avait constitué une armée de plus de cent mille hommes recrutés parmi les prisonniers et les esclaves capturés. Ces derniers furent facilement formés et instruits, dès l'adolescence selon les disciplines arabes2.

Ainsi deux grands royaumes, ayant comme capitale «Bagdad et Cordoue», entrèrent en concurrence perpétuelle pour élever l'Empire arabe jusqu'au premier rang de la civilisation du Moyen Âge. À côtés de ces deux grands royaumes , le Moyen âge arabe connaissait un troisième qui apparut en Tunisie vers 909. C'est la dynastie des Fatimides , descendants de Fatima, fille du prophète. Cette dynastie s'empara de l’Égypte en 969 et érigea une nouvelle capitale , Le Caire, sur l'Arabie et la Syrie3.

Sous le règne des Fatimides, l'Égypte prospéra et le Caire devint le rival de Bagdad. l'historien arabe Al-maqrizi4 nous apprend que « sous leur règne, la flotte égyptienne fut caractérisée par une technique d'organisation assez avancée. On comptait cinq mille soldats, dix chefs et un directeur général appelé l'Émir des armées qui planifiait et dirigeait les batailles.»

En résumée, la politique extérieure du Moyen âge arabe, exigeait une armée forte et bien équipée qui se soulevait par ses hommes et ses armes à la hauteur des évènements. L'organisation et l'équipement de cette armée entraîna le développement des techniques des machines de guerre tel que: la baliste , le bélier, le catapulte, ainsi qu'une évolution considérable des techniques de construction navale . Le fait est que le nombre de manuscrits, rédigés au Moyen-Âge, et  qui traitent l'art militaire fut  assez important5 .                    

 

1- Souad Maher - Les forces militaires de l'Egypte musulmanne - Édition la maison de l'auteur arabe , le Caire 1976

2 - Jacque Risler - La civilisation arabe - Édition petite bibliothèque Payot 1955 .

3 - Dominique et Janine Sourdel - La civilisation de l'Islam - Édition Arthaud Paris 1968 .

4 - Al-Maqrizi - Kitab al khutat (le livre des plans) - tome I - sans date

5- voir dans ce site les manuscrits d'art militaire - monde arabe 

                                                                

                                                                        

 

 


 

 Politique intérieure

À l'intérieure, deux facteurs essentielles ont amenés l'éclosion des techniques au Moyen - Âge arabe.:

1 - l'organisation de la société.

2 -Le luxe des califes .

En effet, les Omeyyades une fois maitre du grand empire ; s'attachèrent à la vie urbaine. Des palais florissaient dont le plus important est Machatta , aujourd'hui perdu à 40 km de l'est de la mer morte1. Un grand nombre de mosquée s'élevèrent avec leur minaret de sorte que le siècle des Omeyyades fut placé sous le signe de "la mosquée": Kaïrawan , Al-Fustat, Jérusalem , Médine , Basra et kufa auront les leurs et surtout Damas où fut construite, sous le règne du VIe calife Al-Walid , la mosquée des Omeyyades qui résiste jusqu'à nos jours2.

   

                                  La grande mosquée des Omeyyade à Damas

 Les Abbasides, suivant la même politique, érigèrent les villes et édifièrent les palais et les mosquée dans les quatre coins du royaume. Le plan de Bagdad fut confié à un architecte astrologue qui a voulu représenté l'image conventionnelle du ciel. Ainsi la ville fut entourée d'une enceinte circulaire dont les murs furent percés par quatre portes en or . Au milieu s'élevait le palais du Calife . Auprès du Palais , à chacun des quatre points cardinaux s'érigeaient les palais des Émirs . Tout autour de la ville , divisé comme le cadran d'une montre, douze palais étaient habités par les chefs des grands services3. Hors des murs de la ville ronde, et sur la même rive , Al-Mansur construisit une résidence d'été. En face, sur la rive persane, AL-mansur fit bâtir un palais pour son fils al_Mahdi. Tout autour de ce palais, une ville se développa qui dépassa bientôt la ville ronde, mais les deux restèrent reliées par deux ponts de bateaux.

 

                                                                                                                                 la ville ronde de Bagdad

 En Espagne, l'Émir Abdul-Rahman, grand batisseur , dressa des fortification autour de la ville de Cordoue et éleva hors des mur le palais de Rissafa. Il fonda la grande mosquée de Cordoue et jeta un pont sur Qadalquivir 4.                                            

 La mosquée de Cordoue                                                                   le dôme

 Ses successeurs entrepreneurs et actifs, ajoutèrent encore d'autre demeures somptueux : le palais des fleurs, des amants et du diadème. plus tard dans la première moitié du Xe siècle Abdul Rahman III fit bâtir à quelque km au sud de la ville , le palais d'Al-Zahra' . Son fils Hakam se consacra à l'embellissement des villes. Il fit construire des asiles pour les pauvres, des hôpitaux, des bains, des collèges et des mosquées.

La dynastie des Fatimides qui régna sur une partie du Magreb (909-969) laissa ses traces avec des Palais et des mosquées . À Kairawan , la mosquée de Sidi Okba5 , datant de 670, n'est qu'une forêt de colonnade dont la pluspart proviennent des ruines de Cartage.

 

                                                                                                     Les ruine de la ville d'Al-Zahra'

   

          La mosquée de Sidy Okba  ( quayrowan Tunisie)

Quant à l'Égypte, elle occupait, pendant la période des Fatimides (969-1171), la première place par ses palais et ses mosquées. On remarquait d'abord la mosquée d'Amr datant de 642 avec ses belles colonnes corinthiennes, romaines et byzantines; celle de Tûlûn datant de 878, et celle d'El-Azhar bâtit en 970 dont l'originalité est caractérisée par ses magnifique arcs en ogives6 .

     

Outre les palais et les mosquée des villas somptueuses, construites au milieu des jardins semblables à des parcs, s'élevaient. Ce n'était que piscines, fontaines , ruisseaux et cascade d'eau clairs, fleurs, fruits et bosquets ombrageux. Ces villas appartenaient aux sujets les plus riches du Calife. Quant à la haute société, elle vivait dans de grands immeubles sobre et simple d'apparence extérieures mais d'or et d'azur à l'intérieure.

Toutes ces villes avec leurs palais, leurs villas, leurs jardins, leurs mosquées et leurs bains,exigeaient des quantités d'eau considérable; de plus l'eau étant le symbole de la vie, il est très naturel que toute technique capable de puiser, d'élever , de ramasser ou de transporter l'eau , fut largement développée.

1- 2 . Dominique et Janine Sourdel - La civilisation de l'Islam classique - Édition Arthaud - Paris 1968

3-4 Jacques Risler- La civilisation arabe - Edition petite bibliothèque Payot 1955

5 - Okba ben Nafi' - Conquérant de l'Ifriqia et fondateur de Kaïrawan

6 - Ahmad Amine - Doha al-Islam -Édition librairie al-Nahdah - Le Caire 1964

 

 Le luxe des califes